Ce sont des héros anonymes, des flics pétris d’humanité, de doutes et de contradictions. Qui enquêtent dans des conditions difficiles. Homicide suit la brigade criminelle de Baltimore aux Etats-Unis, une ville « où l’on commet 240 meurtres par an ». L’Américain David Simon, créateur de l’excellente série télé The Wire (Sur écoute en vf), s’est immergé dans les années 80 dans cet univers policier, dont il a tiré un livre qu’adapte aujourd’hui Philippe Squarzoni.

L’auteur de Dol et Saison brune s’est lancé dans un travail ambitieux : en cinq épisodes, raconter une année entière parmi un service qui compte « environ trois mille flics assermentés », dont « trente-six inspecteurs chargés de résoudre le crime le plus extraordinaire qui soit… le vol d’une vie humaine ». Ni misérabilisme ni pathos dans ce premier tome : l’auteur dissèque le quotidien de la brigade, ses frictions internes, sa façon de résoudre certaines affaires, de patauger dans d’autres. Ses portraits sont bruts sans être secs, son trait stylisé fait vivre les personnages mais sans les incarner à outrance. Colorisé par Drac, l’ouvrage est aussi économe en teintes : le rouge jaillit au détour de planches majoritairement baignées de tons de gris et brun. D’une grande sobriété, Homicide ausculte brillamment une réalité plutôt noire, en respectant l’écriture ciselée de David Simon.