Hors-saison
Mark bosse dans le bâtiment, rénovant des maisons pour un patron escroc sur les bords. Il a deux enfants et son couple se délite. En même temps que le climat politique tourne à l’orage, avec l’échec de Bernie Sanders aux primaires (son favori) et l’élection de plus en plus probable de Donald Trump à la Maison Blanche.
Auteur de America, Le Swing du golem, Le Jour du marché ou Black Star, James Sturm est un auteur discret mais respecté de la scène indépendante américaine, et ce très beau Hors-saison vient rappeler pourquoi. Au fil de courts chapitres de deux cases par page dans un format à l’italienne, rappelant un peu le format du strip, il développe un récit d’inspiration autobiographique sensible, articulé autour de deux thèmes : la rupture et l’engagement politique. Car la séparation de Mark avec sa femme se passe mal – il espère une réconciliation, puis finit par s’enfermer dans la colère –, et la campagne présidentielle, en parallèle, accumule les déceptions. Et l’issue des deux histoires est tragique pour lui. En optant pour un dessin au trait limpide et un élégant lavis gris, et surtout des têtes d’animaux sur ses personnages, comme pour mieux instituer une distance, James Sturm réussit à susciter l’émotion et la réflexion introspective chez son lecteur, sans tomber dans le larmoyant ni le drame du divorce façon Hollywood. Sa mise en scène est sobre, mais pas ascétique, sa ligne est sans fioriture mais pas sans expressivité. Et page après page, c’est comme le carnet de bord d’un papa paumé qu’on a l’impression de consulter, une chronique familiale juste et touchante. Bluffant.
Publiez un commentaire