Hound Dog
César se réveille et trouve dans son appartement miteux, outre son rejeton qui bloque dans son jeu vidéo avec casque de réalité virtuelle, un chien. Balaise, penaud, pas sauvage mais encombrant, et surtout totalement inconnu. Avec son pote Alex, qui semble ravi de jouer au détective, il se met en quête du propriétaire de l’animal. Qui se révèle être un obscur employé du zoo, retrouvé mort dans l’incendie de sa maison. Les deux compères poursuivent l’enquête, et rien ne va se passer comme prévu.
Deux moustachus et barbus, intègres mais un peu bas du front, qui cherchent le proche d’un macchabée pour qu’il adopte un clebs, ça aurait pu ressembler à une comédie délirante des frères Coen façon The Big Lebowski. Mais Nicolas Pegon – réalisateur de clips et court-métrages, qui a publié auparavant chez Réalistes, maison cofondée par Ugo Bienvenu – a plutôt choisi un ton sombre et désenchanté dans un environnement quasi onirique. Davantage donc du côté de David Lynch, Breaking Bad ou Le Roi des mouches, mais avec un sens consommé de la concision pour insuffler sa touche personnelle dans un canevas assez classique.
Dans une Amérique sans âge, à l’iconographie reconnaissable mais dépouillée de ses atours clinquants, les deux antihéros se démènent et affrontent leurs propres limites, au fil d’une sombre et ironique histoire de vrai-faux suicide et de pseudo trafic de drogue. Avec, pour faire vibrer ce décor de désolation, des rêves bibliques et Dieu sous les traits d’Elvis. L’humour est là, mais noir et acide. Cadrages étudiés, traits épais d’une singulière efficacité dans les expressions et mouvements, dialogues au cordeau, gamme de couleurs imposant une ambiance funèbre : ce premier long roman graphique est un exercice de style convaincant, tout en maîtrise dans un genre balisé. Un auteur à suivre.
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