Humour et actualité en trois BD
Petite sélection de trois albums d’humour qui évoquent les sujets de société et/ou la façon dont les médias les traitent.
Scoop
Pas facile tous les jours d’être grand reporter. Il faut survivre en zone de guerre, se frotter à des populations hostiles (et qui parlent même pas français), ne pas oublier les tickets de caisse du bistrot pour les notes de frais… Une vraie profession à risques ! Dans ce recueil de gags en une planche, Caloucalou distord la figure du journaliste de terrain, ici couard et condescendant, profiteur et fainéant, maladroit et corruptible. Le trait est forcé jusqu’à l’absurde et le rire est bien là, dans un registre de gai humour noir franchement efficace, brossé d’un dessin cartoon assez minimaliste, soutenu par un tramage sépia. On retrouvera l’auteur avec plaisir dans un alléchant Cher Dictateur, annoncé chez Fluide Glacial à la rentrée, sur un scénario de Fabien Toulmé.
Par Caloucalou. Delcourt/Pataquès, 80 p., 12 €, juin 2019.
Fanette
L’héroïne de ces strips – 4 cases dans un format carré — est Fanette, une ado excédée par un monde qui gaspille les ressources naturelles, folle face à une société qui détruit sa planète avec sourire et résignation. Mais avant de s’en prendre aux gouvernants et aux industriels, c’est à ses parents qu’elle fait la guerre, et surtout à son père et son vilain 4×4 ! Habitué du dessin politique, Aurel saisit parfaitement les mots des ados, qui soupirent tout le temps quand ils ne s’enthousiasment pas avec excès. Mais alors qu’on pourrait la trouver tête-à-claques, Fanette est en réalité une voix salutaire car elle pointe les progrès que tout un chacun peut faire pour l’écologie et un monde plus propre et économe. Accessible dès 9 ans, ce petit livre drôle et incisif est à partager en famille, car il pourrait vous donner des idées.
Par Aurel. Rouquemoute, 56 p., 10 €, juin 2019.
Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs
Le Belge M. La Mine propose ici un recueil de dessins d’humour publiés sur les réseaux sociaux, à la façon de petites fiches encyclopédiques ou d’aide-mémoire saugrenues, qui mélangent références modernes, cultures geek, vision caustique des médias contemporains et culture visuelle classique. Si son dessin n’est pas toujours d’une grande finesse, son gros point fort est de trouver des listes thématiques et des jeux de mots croustillants. On pense parfois un peu à Tom Gauld, dans sa manière de mêler deux univers a priori bien distant et de créer des top 5. Mais La Mine est moins dans la poésie absurde que le calembour, et c’est finalement mieux comme ça. Une chouette découverte.
Par M. La Mine. Delcourt/Pataquès, 112 p., 16,95 €, juin 2019.
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L’Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs est sympa, disons pour une bonne moitié du bouquin.
Quelques trucs toutefois :
– l’humour peu être difficile d’accès, dans le sens qu’il faut souvent avoir les références de séries assez récentes pour la comprendre (ex : Twin peaks, Breaking bad, True detective… ça parle pas à tout le monde, et quand on connaît pas la blague tombe à plat), et parler ch’ti aide aussi (des blagues en patois, du niveau « Bienvenue chez les ch’tis » : c’est moins drôle quand on comprend pas le double sens immédiatement, et qu’on doit se référer aux traductions en fin de bouquin).Pour le reste, y a une ou deux planches avec des blagues un peu faciles, du genre « Moli’hair », « Volt’hair », « Baudel’hair »,je cite la page des « Plumi’tifs », qui en contient d’autres, pour les amateurs d’enseignes de coiffeurs.
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