L’Hélios est un vaste désert, qui sert de refuge aux derniers orcs encore en vie et de prison à tous les criminels ou indésirables du royaume. C’est là qu’exerce Alceste de Hurlevent, noble déchu, fine lame et médecin habile. Et qui ne rêve que de quitter cet enfer, où la quête de l’eau guide tous ses habitants. Une opportunité de le faire arrive avec un Duc et sa fille, venus chasser à Hélios une créature légendaire. Mais dans le même temps, un étrange phénomène intervient et fait surgir de la terre un geyser de lave…

Voilà un bien beau travail d’équipe, pour produire un album de genre efficace et léché. Au scénario, Fred Duval propose une fresque de fantasy appuyée sur des ressorts classiques, mais qui trouve sa modernité dans la structure de son décor, pénitencier médiéval géant et aride, à la croisée de Game of Thrones, Punishment Park et Mad Max. Au dessin, Stéphane Créty lui répond par une ligne sèche, réaliste mais torturée, dans une mise en scène toujours très lisible, notamment grâce au travail de couleur et de lumière (jolie évolution sur les moments de la journée) de Julien Maffre. Mais si l’ensemble se veut cohérent et immersif, c’est aussi grâce au design signé Armel Gaulme et Fred Blanchard (auxquels le cahier graphique en fin d’ouvrage rend un juste hommage) : les architectures, accessoires, costumes, silhouettes et visage des personnages, bestiaire, armes, tout est fouillé et détaillé avec un soin maniaque et une vraie originalité (mention spéciale aux masques d’animaux permettant de voir à distance aux travers des yeux d’une bestiole). Un régal pour les yeux pour tout amateur d’imaginaire, et un sincère plaisir de lecture.