I Comb Jesus (Je peigne Jésus) est un recueil de rencontres. Rencontres entre différentes cultures, différentes époques, différents pays mais aussi et avant tout entre le dessinateur, Jean-Philippe Stassen (Le Bar du Vieux Français, Déogratias) et une multitude de personnes, d’ici et d’ailleurs. Initialement publiées dans la revue XXI et La Revue Dessinée, les histoires rassemblées dans cet opus sont des souvenirs de voyage de l’auteur, qui, tel un véritable journaliste, questionne et n’hésite pas à pousser ses interlocuteurs dans leurs retranchements.

Le récit oscille constamment entre plusieurs pays et villes. Tantôt en Belgique, au Maroc, au Rwanda, au Congo ou encore en Afrique du Sud, l’auteur pose la question de l’immigration, de l’identité et du sentiment d’appartenance à telle ou telle culture. Au fil des discussions entre Stassen et ses protagonistes, le lecteur fait face à des situations très diverses, qui poussent à réfléchir à ses propres limites face à ces questions sociétales et à la tolérance.

Le discours rapporté par l’auteur est clair et percutant. S’il ne semble jamais faire part de son avis sur les propos parfois haineux ou les situations douloureuses qu’il rencontre, la narration permet de laisser flotter des suspicions et autres interrogations qui implique activement le lecteur. Véritable BD-reportage, les illustrations passent rapidement au second plan, la force du récit l’emportant largement sur un dessin épais rappelant les fresques du peintre Diego Rivera. Seul bémol de ce recueil : un ouvrage un peu long et répétitif qui au fil de la lecture laisse un sentiment de déjà-vu, et finit par lasser.