Ignited #1
L’an dernier, on apprenait que Les Humanoïdes Associés développaient pour le marché américain une ligne de comics de superhéros confiée aux vétérans John Cassaday et Mark Waid. Ignited est l’une des trois séries régulières qui se déroulent dans l’univers partagé H1, dans lequel, aux quatre coins du monde, des individus lambdas mystérieusement « activés » se mettent subitement à manifester des pouvoirs.
Ignited est clairement le Breakfast Club du H1 avec ses 6 lycéens et lycéennes que rien ne destinait à traîner ensemble, avant que l’apparition de super-aptitudes ne fasse d’eux d’inopinés alliés. Comme chez John Hugues, les personnages sont d’abord des archétypes et jamais Ignited ne cherche à révolutionner ni les récits d’apprentissage ados, ni le genre super-héroïque. Les ambitions de Mark Waid ici associé au scénario à Kwanza Osajyefo, tandis que Phil Briones se charge du dessin, sont assez humbles : il s’agit d’abord d’inscrire cette histoire dans un contexte social crédible en proposant un discours sensible et argumenté sur la tragédie des fusillades en milieu scolaire, à laquelle l’Amérique ne trouve désespérément aucune réponse. Ici, c’est le massacre à l’arme lourde commis par un de leurs camarades de classe dans l’enceinte de leur établissement qui sert de déclencheur à l’activation d’Anouk, Callum et compagnie. Qui dès lors, se serviront de leur capacité à infiltrer les équipements électroniques ou à déclencher des maladies pour, non pas stopper des super-villains, mais pour simplement tâcher d’empêcher la nervosité ambiante de dégénérer en hystérie collective et en simili-guerre civile dans la cour de récré.
La modestie de l’échelle choisie, celle d’un lycée banal plutôt que le sort de la planète, fait plutôt honneur au projet, par ailleurs servi par des dialogues et un rythme assez enlevés. Mais ce qui séduit le plus dans Ignited, c’est son ton : les auteurs, une fois n’est pas coutume dans ce type de productions grand public, ne jouent pas les timorés pour préserver telle ou telle frange de leur lectorat. Leurs 6 héros appellent sans équivoque au contrôle des armes, ridiculisant ceux qui voudraient en réponse mettre un gun dans la main de chaque prof, et se posant en rempart face aux extrémistes. C’est sûr, une partie du public des librairies spécialisées comics va honnir ce titre et les super-social justice warriors qu’il s’est choisi pour héros. Mais eh, haters gonna hate, et au moins Ignited assume-t-elle un point de vue un peu plus affirmé qu’à l’accoutumée dans la BD mainstream US. Peut-être est-ce là la patte Humanos.
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