C’est l’histoire d’un jeune homme qui veut vivre sa vie, mais se laisse embringué par des compagnons d’ivresse et quelque belle de passage, et devient un brigand. C’est l’histoire d’une pièce d’or magique, qui fait des petits chaque matin si on lui demande gentiment. C’est un récit d’apprentissage confinant à la poésie et au rêve, où le trait à la plume est aussi narratif que le texte (à la plume aussi, évidemment).

Le premier tome nous avait emballés, notamment par son style épuré, souple et expressif malgré son minimalisme assumé. Le deuxième, une intelligente relecture de l’histoire de Samson et Dalila sur fond de spectacle de magie, confirmait tous les espoirs placés dans cette série atypique. Et le troisième et dernier achève de convaincre, car il porte en lui toutes les qualités et l’originalité du projet. Il se passe des choses se déguste presque comme un livre-jeu, un petit labyrinthe graphique et narratif, qui semble cacher derrière une ligne en apparence si frêle un sous-texte dicté par des rêves pleins de chansons et d’aventures. Guillaume Chauchat, épatant sculpteur sur fil de fer – et les liens entre cette activité et son dessin sont évidents –, propose une oeuvre ambitieuse et aboutie, très attachante, dans laquelle il faut s’immerger totalement pour bien s’en imprégner et lui donner toute sa dimension. On est dès lors curieux de découvrir le prochain projet de l’auteur, car avec une bande dessinée si marquée graphiquement, et un ton si particulier, il ne va pas être évident de proposer quelque chose d’aussi étonnant.