Il y a longtemps que je t’aime
Annie s’est échouée sur une plage. Aucune trace de rien ni de personne, elle est seule sur une île déserte. Alors, elle explore, tente de faire du feu, de se nourrir, de construire une cabane, tout en monologuant en elle-même comme si elle écrivait à son mari. Un mari auquel elle semble attachée mais qui, à mesure qu’elle lui parle dans sa tête, se révèle comme n’étant peut-être pas le compagnon idéal. Et soudain, Annie découvre un indigène sur l’île. Seul, beau, magnétique… Osera-t-elle franchir le pas de lui parler, de l’approcher, voire plus si affinités ?
Entre robinsonnade et fantaisie érotique, ce one-shot de Marie Spénale (Ultra Fiesta, Wonder Pony, Heidi au printemps…) est narré par la voix-off entêtante et troublante de son héroïne, créant un récit au point de vue unique, propice aux surprises. Dans une mise en scène déliée, appuyée sur des planches aux couleurs vives et à la ligne tout en fluidité, l‘autrice développe un discours intéressant sur les relations de couple, le regard sur le corps vieillissant (Annie a la soixantaine) et la question du désir. Sans asséner de message pesant ni adopter de posture militante, elle préfère laisser les lectrices et lecteurs s’immerger dans une fiction très originale, plus sensorielle qu’intellectuelle, de laquelle on sortira dépaysé, requinqué et assez émerveillé.
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