Immonde !
Dans une petite ville d’Alsace, se joue un drame souterrain. Là, au coeur d’une usine exploitant un minerai puissant et radioactif. L’air semble lourd, les eaux seraient polluées. Mais la population semble résignée ou ne cherche pas à savoir quels sont les risques de vivre à côté d’un site qui pourvoit de l’emploi à toute la région… C’est là que Nour et sa famille s’installent, au grand dam de l’adolescente qui broie du noir. Heureusement, elle va vite se faire des copains, fans de films d’horreur. C’est alors que des humains aux bizarres malformations et des créatures à tentacules émergent des ténèbres de cette petite cité trop tranquille…
Après un premier roman graphique remarqué, Elizabeth Holleville, autrice proche de Timothé Le Boucher qui signe d’ailleurs ici un mini-récit bonus, propose une fiction écolo-horrifique bien troussée à hauteur d’ados. Convoquant autant le comics Black Hole de Charles Burns que la série télé Stranger Things, son histoire s’étend sur une forte pagination permettant d’imposer son rythme lancinant et son environnement visuel puissant. L’histoire se déroule ainsi comme dans un crépuscule permanent, nimbé de mauve et de verdâtre, teintes fantastiques résonnant avec la pollution radioactive en cours dans le paysage. Duquel vont jaillir des monstres rampant ou volant, gigantesques chimères aveugles et avides de sang, châtiment pour humains trop gourmands. La montée d’angoisse est parfaitement brossée, et l’explosion finale restera comme une réussite dans le genre fantastique. Mais l’autrice laisse trop de portes non fermées, comme les mutations ou les secrets de la communauté, pour ne pas frustrer. Et le portrait de ses personnages manque de finesse pour dépasser les simples archétypes d’une série B. Une bonne série B dans l’air du temps, rien à redire à cela, mais qui ne dépasse pas ce statut-là alors que les ambitions initiales paraissaient plus élevées.
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