Deborah et ses parents sont Coréens et ont beaucoup bougé avant de s’installer dans le New Jersey. Déracinée plusieurs fois, la petite Deb s’adapte, tente de répondre aux grandes espérances de son intransigeante mère. Mais elle peine à trouver sa place. Sans attache avec le pays d’origine de ses parents, elle a du mal avec ses cours de coréen, mais ne sera jamais suffisamment américaine aux yeux des autres enfants pour éviter le racisme et les préjugés. Une fois au lycée, tout s’accentue : elle n’est plus la meilleure au violon, ses amies s’éloignent et sa mère est de plus en plus dure, voire violente. Deb ne sait plus qui elle est, ce qu’elle veut ou ce qu’elle peut faire. Et elle tente de mettre fin à ses jours.

Construit comme un journal à plusieurs temporalités, ce livre autobiographique de Deb JJ Lee est à la fois une catharsis et un témoignage. Les anecdotes d’enfance et d’adolescence s’empilent, de manière très ordonnée et pesantes jusqu’au trop plein, afin de bien faire comprendre la somme des tourments qui a poussé une jeune fille brillante et aimée à tenter de se suicider. Par sa ligne fine, envoûtante, extrêmement maîtrisée, l’auteurice (désormais non binaire) réussit à faire passer un message fort sur la souffrance des immigrés de seconde génération, en quête d’identité, ainsi que sur la santé mentale des adolescents. Peut-être parfois trop frontal, et donc trop porté sur le pathos, In Limbo pourra lasser ou irriter. Mais il devrait toucher un public de lycéens et jeunes adultes qui retrouveront dans ses mots, dans sa vision du monde, ainsi que dans son design synthétique de la bande dessinée mondiale, un livre qui leur ressemble.