Par Sean Phillips et Ed Brubaker. Delcourt, 14,95 €, le 7 avril 2010.

Posséder une super-force et ne pas avoir froid aux yeux, c’est chouette. On peut mettre ses muscles au service de la veuve et de l’orphelin, faire le Bien dans le monde. Ou pas. Zack Overkill avait choisi la voie – tellement plus fun – du crime, avec son frère jumeau, tous deux dopés avec un sérum dangereux. Mais Zack est désormais sous la coupe du gouvernement, prisonnier d’une camisole chimique qui annihile toute velléité de violence. Sauf qu’un jour, il trouve l’antidote…

On aime la plume tranchante et sombre du scénariste Ed Brubaker, spécialiste du genre noir. Et on retrouve ici ce qui fait la saveur vénéneuse de son chef d’oeuvre Criminal, et la touche de fantastique excitante qui fait le bonheur de Sleeper. Comme dans ces deux séries, le très doué Sean Phillips signe les dessins, toujours dans un registre cafardeux, mais plus cartoon que d’habitude. Car Incognito est une série virile et décomplexée, sans queue ni tête, avec un héros un peu loser, des scientifiques fous, des grosses brutes flippantes, des gamines tueuses… Un peu comme si Ed Brubaker chassait sur les terres de Mark Millar (Kick-Ass, Wanted…), tout en conservant son talent pour la voix off façon film noir et l’interrogation qui sous-tend tout son travail: qu’est-ce qui fait d’un homme un criminel ? Un comics déstabilisant, terriblement punchy et foncièrement attachant.

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