Innocent #1-2
Paris, XVIIIe siècle. Héritier d’une famille d’exécuteurs officiels, Charles-Henri Sanson n’éprouve que du dégoût pour la fonction de bourreau. Suite à la paralysie de son père, le voilà pourtant forcé de prendre sa succession dès l’âge de quatorze ans.
Librement inspiré de faits historiques et basé sur un ouvrage de Masakatsu Adachi, Innocent (9 tomes au Japon, série en cours) brosse le portrait d’un écorché vif qui fera tomber plus de 3000 têtes, dont les figures les plus importantes de la Révolution. Un contexte foncièrement différent de celui d’Ascension, précédent titre de l’auteur, pour un manga qui n’a d’innocent que le nom. Car sous un trait d’une délicatesse extrême, le dernier Shin’ichi Sakamoto empeste le sang, la sueur et le sperme dans une atmosphère de paradis perdu qui, toute en clairs-obscurs, reflète la candeur brisée d’un Charles-Henri étouffé par son héritage. Très inspiré, l’artiste présente des planches au vocabulaire graphique reconnaissable entre mille, vides de toute onomatopée, où des compositions au temps suspendu succèdent à d’ingénieuses métaphores visuelles. Fascinant !
Innocent n’est pas une fresque historique. Au diapason avec un protagoniste prenant graduellement conscience des réalités du monde, le récit s’attarde sur l‘anecdote, l’intime et le quotidien, sans jamais sortir du point de vue de Charles-Henri. Là se situe la principale différence avec un Cesare auquel nous serions naturellement tenté de le comparer. Une chose est sûre, cependant : les deux portraits se rejoignent dans l’excellence et, fédérateurs, sont à conseiller à tous les lecteurs – adultes et avertis, dans ce cas-ci ! – de bande dessinée au sens large.
INNOCENT © 2013 by Sakamoto Shin’ichi / SHUEISHA Inc.
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