Inside Angoulême 2011 #2
On l’a entendu, dit et redit, mais je pense qu’il faut en remettre une couche : la grande nouveauté de cette édition 2011, c’est qu’il (a) fait beau.
Pour preuve ce Corto Maltese statufié et triomphant, photographié sur ciel bleu en face du Musée de la BD. Jeudi, le soleil régnait en maître. Certes, il semble avoir regagné ses quartiers d’été depuis (il fait gris et il pleuviote ici ou là), mais pas de quoi effrayer le festivalier.
Hier donc, premier jour du festival au milieu des groupes scolaires, qui envahissent l’expo Troy et squattent le babyfoot et le flipper de l’expo Baru. Je tente de voir un maximum d’expositions, appareil photo et bloc-notes en main. En m’armant de patience pour prendre des photos à peu près regardables dans une atmosphère parfois très sombre, et surtout sans m’énerver auprès des nombreux collégiens, qui passent et repassent devant mon objectif sans même s’apercevoir qu’ils viennent de ruiner mon cliché…
Je remonte ensuite (oui, à Angoulême on fait du sport, les rues sont acrobatiques) vers le centre-ville, pour arpenter la bulle New York – occupée par les éditeurs indépendants.
Face à la porte d’entrée, le stand de L’Association saute aux yeux. Il est recouvert de tracts qui expliquent la situation des salariés: en grève pour protester contre la suppression, sans concertation, de la moitié de leurs postes. Ils sont venus, mais ont laissé les albums dans leurs cartons. « Si jamais la direction décide de dialoguer avec nous et que les choses s’améliorent, nous pourrons installer et vendre les livres », précise un employé.
Après une incursion dans l’univers d’Arleston, via l’expo Troy (voir ci-contre), je file vers le studio du Mouv’, au micro d’Amaëlle Guiton et de Philippe Dana. Je suis interviewée avec Xavier Guilbert, de du9, sur mes coups de coeur récents et mes pronostics pour le palmarès. Ces quelques minutes ne se passent pas aussi mal que je l’avais craint, même si j’ai encore quelques progrès à faire pour être à l’aise à l’oral…
Direction ensuite la salle Nemo de la Cité de la Bande Dessinée, où j’anime une rencontre « internationale » avec Baru. Face à une salle aux deux tiers pleine, le « président » déroule sa vie et le fil de son oeuvre. Avec malice et conviction, il rappelle ses origines ouvrières, ses démêlés avec le Parti Communiste (son parti d’élection, où il se sentait bâillonné), ses premiers croquis ou encore son goût pour le mouvement. Répondant aux questions du public, il tacle Sarkozy et, beaucoup plus gentiment, Jean Van Hamme, « suppôt du capitalisme avec sa série Largo Winch« .
Je passe ensuite le reste de la journée à travailler en salle de presse et à me battre – comme mon collègue Benjamin – contre une connexion Internet défaillante et un serveur informatique farceur…
Vendredi, la journée commence avec l’animation de rencontres sur l’espace « sélection officielle ». Merwan Chabane et Bastien Vivès détaillent la genèse de Pour l’Empire, et Gaëlle Alméras raconte la naissance de son Bambou, parodie sanglante de Bambi.
La journée se poursuit par une conférence de presse organisée par Glénat, pour dévoiler son programme de 2011 (comprenant les sorties de Vents d’Ouest et Drugstore). Stoïque, la salle regarde un film d’une cinquantaine de minutes, qui enchaîne les présentations d’albums à la vitesse de l’éclair. Mon stylo court sur le papier, à peine le temps de noter un titre qu’on est passé au suivant.
Au programme, beaucoup de suites de séries installées (Sambre, Soeur Marie-Thérèse des Batignolles, Il était une fois en France…), et quelques grosses machines: une intégrale Mickey, un nouveau Captain Biceps, une série tirée du dessin animé Le Petit Prince, et surtout une avalanche de livres (rééditions, cahiers de coloriages, art book…) autour de Titeuf, le film, dont la sortie est prévue le 6 avril. A cette occasion, un petit film montre les coulisses du tournage. Et l’on apprend que la bande originale sera assurée par, entre autres, Johnny Hallyday, Alain Souchon, Bénabar, Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman.
Plus excitantes, les sorties annoncées des Princesses vont aussi au petit coin, un « thriller surprenant multipliant les fausses pistes » de Christophe Chabouté ou de L’Attentat de Loïc Dauvillier et Glen Chapron, d’après le roman de Yasmina Khadra. La salle s’émeut du retour de Liberatore (une adaptation des Onze Mille Verges d’Apollinaire) et de Francis Masse (Les Deux du balcon #2).
Après l’annonce de ce menu copieux, la vie continue en Charente: je repars arpenter les rues angoumoisines, dont le pavé est décoré par les crabes d’Arthur de Pins (voir ci-dessus). La suite au prochain épisode…
Laurence Le Saux
Photos © BoDoï.
Publiez un commentaire