Ion mud
Lupo déambule depuis 40 ans à l’intérieur d’un immense vaisseau dans lequel la vie est terriblement précaire. Quand elle est présente, elle est violente et prend la forme de spécimens de grande envergure. Les alliés sont rares. Les humains encore plus. À la recherche de réponses, de son passé, Lupo a pourtant l’air de sillonner ce monde désolé sans véritable crainte.
Dès la couverture, c’est une évidence, Ion Mud est un récit sous influence. Les grandes structures et étendues que l’on arpente remémorent indéniablement celles de Blame ! de Tsutomu Nihei. Comme Killee, Lupo erre au sein d’une gigastructure inconnue dont l’ampleur architecturale n’a d’égale que la violence qu’elle abrite. La comparaison s’arrête cependant là, et laisse place à d’autres références, réminiscences digérées de grands artistes internationaux de la science-fiction. Fleurissent ici ou là une structure semblant sortir tout droit d’Alien, une transformation évoquant Parasite, des créatures échapées de Star Wars sous un graphisme soigné descendant d’une assimilation de Bernie Wrightson, Moebius et Philippe Druillet.
Ces inspirations multiculturelles, visuelles, mythologiques sont couplées à de multiples fondements narratifs. Inspiré par la BD, le manga, le comics, le jeu vidéo, Amaury Bündgen fait partie de cette nouvelle génération d’auteurs qui ont été abreuvés par de très nombreuses œuvres majeures, s’en sont imprégnés à un tel point qu’elles ressurgissent naturellement et servent de matériaux solides pour la confection de nouvelles histoires.
Celle de Ion Mud repose sur un monde énigmatique qui se révèle par étapes. Allant crescendo dans la découverte de l’univers et de ses révélations, cette BD structurée en 4 parties parvient à se dégager de celle des grands maîtres en réussissant à construire son propre environnement, à son rythme, avec ses propres enjeux, tout en développant son personnage principal. Les 300 pages de cette toute première bande dessinée de l’auteur sont très réussies et formellement impressionnantes. Pas novatrices, mais captivantes et sans faux pas. Une grande surprise de la part d’un quarantenaire illustrateur et designer dans le jeu vidéo.
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