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Isabel Greenberg, la fée des contes

2 mars 2015 |

greenberg_isabel_photoDans la foule bruyante et agitée du Festival d’Angoulême, nous rencontrons une jeune femme blonde, un peu éthérée, visiblement pas très à l’aise dans ce tumulte. Isabel Greenberg, Anglaise de 26 ans, est là pour parler de son Encyclopédie des débuts de la Terre, ouvrage massif et envoûtant publié de notre côté de la Manche par Casterman, une des plus belles bandes dessinées de ce début d’année. Mais elle semble déjà ailleurs, avec ses personnages qu’elle a du mal à quitter, vivant dans un monde empreint de magie, entre le folklore britannique et Les 1001 Nuits

Comment vous-êtes vous lancée dans ce vaste projet de L’Encyclopédie des débuts de la Terre ?

Au départ, je n’avais qu’une seule histoire, mettant en scène mes dieux à tête d’oiseaux. Je voulais les utiliser à nouveau, mais comment faire ? Puis, j’ai remporté le prix de l’histoire courte organisé par l’éditeur Jonathan Cape en 2011, avec mon récit sur les amoureux des deux pôles. J’ai alors eu la possibilité de me lancer dans un roman graphique, et je me suis servie de ces deux histoires comme point de départ.

greenberg_vide

greenberg_aigleVotre livre est comme un puzzle de récits, avec des histoires dans les histoires. Comment avez-vous organisé votre travail ?

Tout est venu assez vite dans ma tête, mais certaines histoires sont évidemment arrivées avant les autres, et je ne savais pas dès le début comment tout s’agencerait… Mais je connaissais mon but, et la direction générale à prendre. C’était ma première bande dessinée, j’y ai travaillé une année complète, j’ai beaucoup tâtonné. Par exemple, j’écrivais en même temps que je dessinais ! Pour mon nouveau projet, qui s’inscrit dans la continuité et où l’on retrouvera certains personnages, et qui s’inspirera principalement du folklore britannique, j’écris d’abord l’ensemble et ensuite je dessine. J’apprends au fur et à mesure… J’ai recommencé plusieurs fois ce deuxième projet, qui sera plus long que le précédent, mais là, il est sur les rails ! [il sera aussi publié par Jonathan Cape en Angleterre; Isabel Greenberg en dévoile des extraits sur son blog, notamment l’histoire « Dreadful Wind and Rain » – ndlr]

D’où vous vient ce goût pour ce type de contes ?

Depuis l’enfance, j’adore les histoires imbriquées les unes dans les autres, portées par la voix d’un conteur. Comme Les 1001 Nuits bien sûr. Ainsi que les auteurs qui parviennent à construire un univers complet, comme Phillip Pullman (À la croisée des mondes), Ursula Le Guin (Cycle de Terremer, Cycle de l’Ekumen…), Melvin Peake (Gormenghast). Et, plus largement, les récits folkloriques ou mythologiques m’ont toujours fascinée.

greenberg_archet

greenberg_geantLa Bible aussi ? Dans votre album, vous réécrivez l’histoire de la Tour de Babel et de Noé…

Oui, bien sûr. Toutes les histoire mythiques, bien que de cultures différentes, parlent de la même chose : des hommes et de leurs choix. Si vous regardez bien, l’Ancien Testament et les contes de fées abordent souvent des thèmes similaires. L’histoire d’Abraham et d’Isaac m’a toujours effrayée et fascinée, comme un conte horrifique…

Effectivement, certains de vos récits sont très noirs.

Chez les frères Grimm ou Andersen notamment, les contes sont souvent très sombres. La violence est partout, c’est normal de la retrouver dans ces histoires. Je trouve d’ailleurs que les histoires contemporaines sont trop édulcorées. Je pense donc que tout le monde peut lire mon livre ; les parents peuvent le lire avec leurs enfants – j’ai d’ailleurs constaté que les petits adoraient le passage, pourtant effrayant, avec le géant dans la forêt… Mais simplement parce qu’il est tout nu !

Malgré tout, vous finissez par revenir vers la romance…

Parce que tout le monde aime les fins heureuses ! Et parce que l’amour vaincra toujours ! En fait, L’Encyclopédie des débuts de la Terre est un cri d’amour : c’est ma déclaration d’amour aux histoires.

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Vivez-vous de votre travail en bande dessinée ? Et comment se porte le 9e art en Angleterre ?

Non, je ne peux pas me contenter de la BD. Je travaille aussi sur des illustrations de commande, et j’enseigne à mi-temps. Concernant la bande dessinée en Angleterre, ces dernières années ont vu émerger des structures indépendantes très dynamiques, comme Nobrow ou Breakdown Press. Et beaucoup de jeunes auteurs de talent arrivent. C’est une scène en pleine effervescence.

Propos recueillis et traduits par Benjamin Roure

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L’Encyclopédie des débuts de la Terre.
Par Isabel Greenberg.
Casterman, 24 €, janvier 2015.

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