Ivre du Japon
Partie découvrir un peu par hasard le Japon au milieu des années 90, Karen en est tombée amoureuse. Cette jeune Parisienne va progressivement abandonner sa vie en France et multiplier les voyages au pays du Soleil levant. Elle en apprend la langue, découvre sa culture et se fascine pour sa technologie. Elle finira par y travailler en tant que journaliste, y rencontrer son futur mari, le mangaka Jean-Paul Nishi, et y fonder sa famille.
Après avoir croqué les Français et sa vie de Japonais déboussolé à Paris, puis sa vie d’homme marié et de père au Japon, JP Nishi se consacre cette fois-ci à sa femme Karyn Poupée, rebaptisée Karen dans ce manga. Ce personnage, apparu dans À nos amours, relègue pour l’occasion le mangaka, habituellement héros de ses propres aventures, au second plan. On y découvre ainsi à 26 ans, la jeune femme, directrice technique d’une chaîne de télévision, accro au travail, sommée de prendre des vacances – les jours de congés s’empilant dangereusement. Cette fan du compositeur Ryûichi Sakamoto, à la recherche d’une destination « pleine de gratte-ciels » autre que les États-Unis, choisit le Japon, à la grande surprise de son entourage. Cinq semaines dans l’archipel, dont elle ne connaît rien. Nous sommes alors au milieu des années 1990 et le Japon est loin d’être une destination à la mode.
Aussitôt arrivée, le dépaysement est complet, le coup de foudre instantané et les clichés qu’elle avait de cette civilisation volent en éclat. La future journaliste en fait alors la promesse : un jour, elle vivra au Japon.
Sur le même modèle que ses livres précédents, croquant avec humour les moments du quotidien, Nishi raconte le parcours de Karen, de ses premières heures sur le sol japonais à son retour en France, en passant par son apprentissage de la langue, ses relations amoureuses, son installation à Tokyo, son changement de vie professionnelle et la construction de sa famille.
Si ce livre est moins drôle que les précédents, il n’en reste pas moins fascinant tant le parcours et la volonté de Karen sont impressionnants. Le mangaka réussit avec brio à incarner le personnage (romancé) de sa propre épouse et le sien pour mieux comparer la France et le Japon, exercice dont il est passé maître depuis A nous deux Paris.
Cerise sur le dorayaki, le graphisme de Nishi est désormais maîtrisé de bout en bout. L’auteur alterne aussi bien les personnages grimaçants que les cases au réalisme quasi photographique. On en redemande.
Illustrations © by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019
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