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Izumi Tsubaki : humour, romance et shôjo manga!

11 janvier 2012 |

tsubaki_intro_0Izumi Tsubaki est une jeune mangaka qui a rapidement percé au Japon et en France. Ayant commencé (comme beaucoup) sa carrière en parallèle de ses études, la jeune femme a obtenu son diplôme d’enseignante, mais a préféré se consacrer entièrement à la création de manga. Son premier titre, Sweet Relax, parlait de la relaxation et plus précisément du shiatsu (technique de thérapie manuelle). Fight Girl, sa dernière série en date, est un des nouveaux shôjo comiques des éditions Akata/Delcourt. Rencontre avec une auteure simple et réservée, invitée du salon Japan Touch #13 (les 3 et 4 décembre 2011 à Lyon).

tsukabi_ninjaVotre série Fight Girl possède un humour spécifique, un rythme très rapide et laisse place à la bagarre. Où trouvez-vous toute cette énergie?
Quand je ne fais pas du manga, je ne travaille pas beaucoup, alors ça compense ! Non, sérieusement, comme je suis mangaka, il est difficile de ne rien faire pendant de longues périodes, je suis généralement très occupée. Faire un manga représente beaucoup de travail et mon investissement est total. Je ne me rends cependant pas compte que le rythme de mon manga est particulier, je le fais comme j’aimerais le lire.

Vous vous dites peu satisfaite du titre de votre série « Oresama Teacher » (choisi par votre responsable éditorial). Qu’auriez vous préféré? Que pensez-vous du titre français, Fight Girl ?
A vrai dire, le début de la série est tellement loin que je ne m’en souviens plus trop… On avait une liste d’une dizaine de titres potentiels, mais Oresama Teacher est apparu subitement et un peu par hasard : voilà ce qui m’avait dérangé. Dans ma tête, le titre devait prendre en compte l’héroïne et j’aime d’ailleurs le titre français pour cette raison.

tsubaki_chapitreAvec cette série, vous vous éloignez du genre comédie sentimentale en milieu scolaire. En êtes-vous déjà lassée?
Non, mais je ne veux pas me répéter. J’aime tout simplement écrire des choses différentes, et surtout, je n’aime pas créer des mangas dans lesquels les couples sont déjà formés. Si je me lance à nouveau dans une histoire sentimentale, je me concentrerai sur ce qui se passe avant la formation du couple, car cela reste le plus intéressant à mes yeux.

Fight Girl semble, par certains côtés, très parodique du shôjo manga. Pourquoi?
Je ne réalise pas vraiment que mon manga comporte un côté parodique. Je ne le fais en tout cas pas de manière totalement consciente. Tous les éléments comiques et caricaturaux découlent du personnage principal.

Préférez-vous la romance d’un Sweet Relax ou les histoires comiques d’un Fight Girl ?
J’aime bien les deux genres mais il reste tout de même très difficile de raconter une histoire d’amour. J’ai plus de facilité à écrire des récits humoristiques.

Dans Sweet Relax, vous traitez du shiatsu. D’où vous est venue cette idée?
J’ai pratiqué les arts martiaux à l’université. Lors des cours, il y a des moments où l’on apprend à connaître son corps, à maîtriser son énergie. Parfois, nous avons pratiqué le shiatsu. On touche donc nos partenaires, nos senpai (personnes plus âgées, sorte de tuteurs) pour les masser… Lors de ces « contacts forcés », je me suis dit que ce serait un sujet idéal pour faire un shôjo manga.

tsubaki_couvDans vos apartés, vous parlez énormément votre relation avec votre tantô (éditeur en charge d’un ou plusieurs auteurs) et son omniprésence dans les décisions relatives à la série. Quelle est votre relation avec lui ?
Depuis mes débuts, j’ai changé de tantô. Il est vrai que mon premier éditeur était très directif. C’était donc frustrant et parfois un peu trop intrusif. Mais, dans un sens, c’était bien pratique car je débutais et je ne connaissais pas tout du métier de mangaka. A présent, je m’entends à merveille avec ma nouvelle éditrice : nous travaillons dans une réelle relation de confiance, nos échanges sont beaucoup plus implicites. De plus, j’ai pris de l’aisance, donc je n’hésite plus à dire ce que je veux, et à dire non si nécessaire.

Dans vos nombreux apartés, vous décrivez avec humour ce métier comme difficile, contraignant et particulièrement stressant. Qu’est-ce qui vous pousse à continuer?
Effectivement, le métier de mangaka est difficile, mais ce qui me fait tenir ce sont les lecteurs. Je veux à tout prix faire plaisir aux lecteurs, ça joue énormément sur mon investissement et ma motivation.

tsubaki_regardVous êtes professeur (primaire, collège, lycée). Pourquoi avez-vous décidé de devenir mangaka ?
J’ai commencé ma carrière alors que j’étais encore étudiante. J’ai participé à des concours de mangas et j’ai tout de suite plu et fidélisé un lectorat — ce qui est rare. Je voulais donc déjà vivre comme mangaka, mais j’ai tout de même souhaité finir mes études et obtenir mon diplôme de professeur. Je n’ai jamais exercé, mais c’était important pour moi de finir ce que j’avais commencé avant de pouvoir me lancer à fond dans le manga.

Seriez-vous tentée, à terme, de donner des cours de manga? De créer des mangas éducatifs?
J’ai déjà donné une fois un cours à de jeunes apprentis mangakas. Mais je n’ai pas envie de me concentrer là-dessus pour l’instant. J’ai animé quelques stages dans des classes durant mes études et je me suis rapidement rendu compte que je n’avais pas la fibre avec tous les élèves. Si j’appréciais travailler avec les petits, c’était très difficile avec les collégiens et les lycéens.

Vous vous dites accro aux mangas. Que lisez-vous ? Qu’est-ce qui vous influence ?
Il y en a beaucoup trop pour n’en citer qu’un. Je ne lis cependant pas que du shôjo, j’en lis d’ailleurs très peu. J’évite ce genre, car j’en vois toutes les ficelles et je compare trop avec ce que je fais. J’apprécie par contre beaucoup les shônen et les seinen calmes (sans combats).

Auriez-vous envie de vous attaquer à ces genres-là ?
Dans le shônen, il y a beaucoup trop de combats et cela ne me conviendrait pas. J’aime dessiner des gros plans, des visages notamment. En revanche, ce que je trouve difficile et fastidieux, ce sont les cases où il y a plein de mouvement !

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Votre sœur et vos amies sont-elles toujours vos assistantes?
Oui, mais j’ai également de nouvelles assistantes. Ma sœur jumelle m’aide beaucoup sur l’histoire et le dessin, même avant l’étape des autres assistantes. D’ailleurs, nos dessins se ressemblent énormément. Même si on se dispute parfois, il est clairement plus simple de travailler avec la famille. Il y a une vraie relation de confiance. Le travail avec les autres assistantes reste tout de même un plaisir, et avec le temps, on devient amies.

Sweet Relax, votre première série longue, fut un succès au Japon. Fight Girl semble encore mieux fonctionner. D’après vous, qu’apportez-vous de plus que l’ancienne génération de mangakas ?
Je ne me rends pas vraiment compte… Cependant, on me dit souvent que quand on lit mes œuvres, on se sent bien et que le plaisir de lecture est énorme. Si on estime que c’est ce que j’apporte de plus, j’en suis très heureuse !

Dans Fight Girl, vous laissez beaucoup de place aux bonus et en particulier aux yonkoma (strips verticaux en 4 cases)…
Faire des yonkoma est assez simple à dessiner et à imaginer. Pour moi, ce moyen d’expression naturel et fluide est idéal pour ajouter des bonus pour les lecteurs qui achètent mes œuvres en volumes reliés. Ce format me permet aussi d’imaginer des histoires parallèles. Par exemple, pour les développements amoureux, le tout est moins difficile et beaucoup plus drôle et pratique. Je viens d’ailleurs de commencer une nouvelle série avec ce format. Ce titre est à lire gratuitement en ligne (Gangan Online) et son titre est : Gekkan Shôjo Nozaki-kun. Il s’agit de l’histoire d’un jeune mangaka homme qui se lance dans le shôjo.

Votre série Fight Girl compte déjà 12 tomes au Japon. Avez-vous envie de continuer longtemps ? Avez-vous d’autres projets ?
Je ne peux pas encore dire si la série va continuer, vu que c’est le public qui choisit. Mais j’ai encore énormément d’idées pour poursuivre Fight Girl. Je connais déjà la fin et j’espère de tout mon cœur que le public me soutiendra encore longtemps pour que je puisse continuer ce manga !

Propos recueillis par Rémi I.

Merci à Izumi Tsubaki et ses éditrices, Bruno Pham (Akata et traduction) ainsi qu’à l’équipe de la Japan Touch.

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tsubaki_dedicaceFight Girl. (série en cours – 12 tomes au Japon)
Par Izumi Tsubaki.
Delcourt/Akata, 6,95 €, T6 le 11 janvier 2011.

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Sweet Relax. (série terminée en 9 tomes)
Par Izumi Tsubaki.
Delcourt/Akata, 6,95 €.

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© OYAYUBI KARA ROMANCE © 2004 by Izumi Tsubaki / HAKUSENSHA Inc., Tokyo
© ORESAMA TEACHER © 2008 by Izumi Tsubaki / HAKUSENSHA Inc., Tokyo

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