« Jacky au royaume des filles », conte bizarre de Riad Sattouf
Il porte une « voilerie » qui cache ses formes et ses cheveux, prépare avec dévotion les repas (enfin la « bouillie » réglementaire) de sa mère, idolâtre des juments sacrées et rêve de se marier avec la colonelle qui règne sur son pays.
Jacky est un post-adolescent qui vit « au royaume des filles », dans la république populaire et démocratique de Bubunne. Soit une société matriarcale, où les codes en vigueur dans certains pays obscurantistes sont inversés : les femmes ont le pouvoir, les hommes sont des servants et objets sexuels, achetés par les demoiselles à marier qui les désirent. Justement, la fille de la plus haute dignitaire du pays, dont Jacky est amoureux, cherche à se caser. Le jeune homme va braver sa tante, son oncle et ses cousins (qui l’ont hargneusement recueilli à la mort de sa mère) pour assister au bal où un prétendant sera choisi…
Jacky au royaume des filles est un curieux mélange, inspiré de Cendrillon et d’une histoire de Pascal Brutal, l’irrésistible héros bêta et costaud de Riad Sattouf. Le réalisateur des Beaux Gosses s’éloigne ici de l’exploration des moeurs adolescentes (déjà creusées dans La Vie secrète des jeunes). Il donne dans le conte de fées, mais jongle avec les codes, déstabilisant joyeusement son spectateur. Ce dernier est plongé dans un monde à la fois très familier et terriblement étranger, troublant. « Je voulais faire un film bizarre, j’adore les rires gênés », explique le cinéaste, qui atteint parfaitement son but. Pour narrer cette histoire burlesque, oscillant constamment entre la farce et le drame, Riad Sattouf opte pour un ressort comique ultra efficace : un langage inventif, qui voit par exemple la culotte féminine remplacée par un « culotin », et les chevaux devenir des « chevalins ».
Autre atout du film, un casting soigné, jubilatoire : Vincent Lacoste (révélé par Les Beaux Gosses) fait de Jacky un personnage naïf mais pas idiot, un grand romantique qui n’oublie pas son intérêt ; Charlotte Gainsbourg — sans une once de maquillage — donne une irréprochable dureté à la colonelle, psychologiquement maltraitée par son horrible mère (Anémone, à la fois tordante et glaçante). Les seconds rôles, de Didier Bourdon (l’oncle avide) à Michel Hazanavicius (le protecteur révolutionnaire), sans oublier Noémie Lvovsky (la tante ambivalente), Valérie Bonneton (la chérife) ou Riad Sattouf lui-même (improbable Mit Kronk, une star de la télé censé épouser la colonelle), sont impeccables. Jamais ennuyeux malgré un tempo modéré, Jacky au royaume des filles amuse beaucoup, déstabilise pas mal aussi. A travers lui, son réalisateur parie sur la curiosité et l’ouverture du public rassemblé autour des Beaux Gosses. Une prise de risque méritoire.
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Jacky au royaume des filles
Long-métrage de Riad Sattouf.
Avec Vincent Lacoste, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Anémone, Valérie Bonneton, Michel Hazanavicius, Noémie Lvovsky, Laure Marsac, William Lebghil, Anthony Sonigo…
En salles le 29 janvier 2014. Durée : 1h30.
Photos © Pathé Distribution / Renaud Monfourny.
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film indispensable !
à diffuser dans toutes les écoles primaires , pour y faire l’apologie de l’égalité et refuser toutes religions !
bref un vrai film républicain et démocratique …et jubilatoire en plus !
euh , visiblement le critique de bodoï n’a rien comprit quant à lui …
dommage !
vive riad sattouf !!! -
Ceux qui l’ont raté doivent se dépècher,car le film ne cartonne pas en salles. L’humour particulier de Sattouf n’a pas convaincu les foules. Je n’y peux rien, c’est comme ça!
Commentaires