J’adore ce passage
Après Spinning et Dans un rayon de soleil, Tillie Walden continue de creuser le sujet des amours adolescentes, avec ce petit livre tout en délicatesse. Dans J’adore ce passage, elle décrit par instantanés l’idylle entre deux jeunes filles, d’abord bonnes copines, puis amoureuses quand elles dépassent leur timidité et la peur de leurs propres sentiments. Puis vient la séparation, contrainte, sans doute par la pression sociale et familiale.
Elle est bourrée de talents, Tillie Walden. Vraiment. En quelques pages, avec un texte parcimonieux, elle parvient à créer une émotion. Elle choisit ici une grande image par page, dans laquelle elle met en scène ses deux héroïnes écoutant de la musique, lisant, riant, cherchant maladroitement le corps de l’autre. Et, comme si elles étaient seules au monde quand elles sont ensemble, la jeune auteure américaine les dessine comme des géantes au milieu d’immeubles ou de champs de fleurs, installées où elles se sentent bien, dominant le monde. Puis, quand revient la dureté du quotidien et du regard des autres, elles rapetissent, et retrouvent leur place, recroquevillée sous l’escalier. En un trait délicat, parfois inondé d’aquarelle mauve, Tillie Walden suscite une émotion forte et sincère, en parlant un langage juste, celui des ados. La seule limite au livre est qu’il est très très court, et se lit en quelques minutes, puisqu’il n’est finalement composé que d’une série de tableaux quasi muets. Il manque une histoire, un fil rouge fictionnel étoffé. Mais il faut voir J’adore ce passage comme un pendant à Dans un rayon de soleil, une histoire courte en bonus, puisqu’il évoque des thèmes proches, et fait valser les sentiments de la même (et belle manière). Une petite pierre précieuse à la construction d’une oeuvre importante.
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