J’ai tué Marat
Dans la famille « J’ai tué », je voudrais Marat. Dans sa série des assassinats célèbres, après une première vague ratée et avant un nouvel opus plus convaincant, Vents d’ouest s’est attaqué à un des meurtres les moins mystérieux, les plus connus mais les moins compris de l’Histoire de la Révolution.
Mais pourquoi une jeune provinciale, de petite noblesse, acquise aux idées de la Révolution française, a-t-elle tué Marat, surnommé « l’ami du peuple », du nom du journal dont il fut le rédacteur en chef ? Les auteurs y répondent plutôt avec sérieux et mesure, et surtout ne tombent pas dans un manichéisme qui, pour le coup, aurait été fatal. Lui, érudit, à la fois hommes de lettres et de sciences, devient le plus grand pourfendeur des ennemis de la Révolution et amorce le virage de la Terreur. Elle, sent en lui la tendance extrémiste, et voit ses idéaux de nation unie se déliter. Il faut donc le tuer.
Les personnages historiques sont bien campés dans leur psychologie et motivation, mais les traits sont malheureusement grossiers ; nul doute que l’auteur ne cherchait pas à magnifier ces personnages mais fallait-il accentuer la vulgarité des expressions ? Décevant également le visuel du Paris XVIIIe. Quant à l’effet de conversation entre les deux êtres morts, discutant sur un fond blanc: factice et peu concluant. Un bon point malgré tout pour l’approche des caractères, mais l’ouvrage reste globalement médiocre.
Publiez un commentaire