Jane, le renard et moi
Hélène est une ado québécoise tout ce qu’il y a de plus banal. Elle se croit grosse et moche, parce que de petites pestes, hier encore ses amies, l’ont écrit sur les murs de l’école. Pire, elle doit partir en stage d’immersion d’anglais avec toute sa classe, alors qu’elle se sent seule à crever. Son seul réconfort vient de la lecture passionnée de Jane Eyre, le beau roman de Charlotte Brontë.
Jane, le renard et moi n’est rien de moins qu’un miracle de sensibilité et de poésie. Le sujet choisi (le harcèlement à l’école et le mal-être des jeunes) était plus que périlleux. Anxiogène et récupéré ad nauseam par les médias, il ouvre à toutes les dérives trash. Mais son traitement — Hélène sublime son quotidien par la littérature — est suffisamment original pour éviter l’écueil : la vision offerte est finalement optimiste, rappelant à quel point l’adolescence peut être aussi bien chienne que porteuse d’espoir.
A la fois sensible et violent, le texte de Fanny Britt s’accorde à merveille avec le dessin d’Isabelle Arsenault. Les crayonnés gris se mêlent d’aquarelles végétales lorsque le merveilleux s’introduit dans l’univers de l’adolescente. Le quotidien de l’héroïne est illuminé par une rêverie littéraire ou une belle rencontre avec un renard. Comme la jeune fille qu’il découvre, le lecteur se sent rasséréné, comme consolé de ses propres — et lointains — déboires adolescents.
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