Jazz ***
Par Fano Loco. Vertige Graphic, 18 €, le 27 janvier 2011.
Le quotidien d’un ado en vacances à la plage avec papa et maman (ringards) et petit frère (rigolard) est un calvaire. Entre le poids de la présence familiale, les hormones en folie et le défilé de filles en bikini, difficile de garder la tête froide. Et donc d’aborder ces demoiselles sans passer pour, au choix, un vilain pervers, un ridicule puceau ou juste un boulet de plus. Et de ces traumatismes de l’âge acnéïque, comme de celui de la première vision des Dents de la mer de Steven Spielberg, certains gardent des traces…
Si ce premier album de Fano Loco n’est pas autobiographique, il puise très certainement dans des moments vécus par l’auteur lors de son adolescence, âge où une maladresse pathologique et une trouille bleue de l’autre sexe – mêlée à une non moins terrible envie de s’en approcher au plus près – transforment de nombreux jeunes mâles en losers pas vraiment magnifiques. Ici, Fano Loco imagine que ces ratés de la puberté enquiquinent encore son alter ego de papier dans sa vie sentimentale d’adulte. À travers d’incessants allers-retours dans le passé, et au fil de discussion avec un bon génie assez piquant, il plonge alors dans ses souvenirs, les touille comme un milk shake avec un objectif cathartique. Il en ressort un album un peu barré, très onirique et elliptique, pas évident à suivre, mais doté d’un dynamisme rare, d’un graphisme tramé évoquant aussi bien les strips d’humour américains que la BD indé européenne, et d’une énergie bien canalisée. Étonnant.
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