Lors de l’entrée en guerre des États-Unis dans le premier conflit mondial, James Reese Europe convainc ses pairs – musiciens noirs de New-York – de s’engager avec lui pour conquérir, dans les tranchées, leurs droits civiques. Suivi par tout son band, il débarque en Europe à la tête du premier orchestre de ragtime. Ce régiment, surnommé les « Harlem Hellfighters » connaîtra alternativement les honneurs et les humiliations raciales. Après une tournée triomphale en Europe, le chef d’orchestre meurt des suites d’une agression perpétrée par l’un de ses musiciens.

Ayant l’ambition de dresser le portrait d’un homme à la croisée des tranchées, des luttes civiques et du jazz, le scénariste Malo Durant s’attarde particulièrement sur l’épopée française. Le scénario est indéniablement riche de données documentaires mais fournit peu d’occasions de ressentir des émotions. Avec son flash-back un peu laborieux et à sa voix-off omniprésente, l’album demeure bien trop scolaire.

Les planches dessinées par Erwan Le Bot sont convaincantes et cohérentes, grâce à un trait à l’encre noire très à l’aise dans les grandes cases, faisant de New-York, des costumes militaires, des instruments et des tranchées de véritables personnages secondaires de l’histoire. L’alternance de tons froids et chauds dans la mise en couleur de Jiwa vient souligner les contrastes du récit. Toutefois, ce graphisme relativement classique ne fait que renforcer l’absence de personnalité forte du livre: un biopic correct qui a le mérite de faire découvrir un pan oublié de l’Histoire, mais duquel on ne ressort pas spécialement transporté parce qu’il reste trop terre à terre.