Par Luigi Critone, d’après le roman de Jean Teulé. Delcourt, 14,95 €, le 2 novembre 2011.

Au XVe siècle, en France, on pend, on ampute, on torture, on ébouillante, on dresse des bûchers à tout va. Ça fait de l’animation et ça élève les consciences. Mouais. Orphelin de parents sacrifiés au nom de la loi et de la morale chrétienne, le jeune François est éduqué auprès d’un chanoine, mais l’adolescence arrive avec d’autres tentations que le livre de messe. Le jeune homme boit, jouit, se moque des puissants et trousse des vers et des rimes sans pareils.

Dessinateur du mémorable 7 missionnaires, Luigi Critone s’attaque avec bonheur au roman que Jean Teulé a consacré à une des plus grands poètes médiévaux. Ses planches sont somptueuses, toutes en nuances de tons et de couleurs, en cadrages dynamiques, en séquences jamais ennuyeuses, en dialogues épicés. L’auteur italien nous plonge dans une fin de Moyen-Âge ignorante et crasseuse, dans laquelle la population est forcée à se soumettre à un pouvoir spirituel des plus dévoyés. Malgré ses défauts et ses bas instincts, le poète Villon est un révolutionnaire en puissance, un leader né auprès d’une jeunesse qui veut vivre sans ployer l’échine, au risque de finir au bout d’une pique. Son épopée, pourtant confinée au sein d’une même cité, est palpitante, au moins autant que celle d’un guerrier en quête d’aventures exotiques. Et ce grâce à l’écriture de Teulé autant qu’à l’adaptation libre et limpide de Critone. De la belle ouvrage.

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