Je, François Villon #3
Poète de talent, François Villon monnaye ses services dans des théâtres de province pendant que ses amis détroussent les gens du village. La nuit tombée, ils décident d’aller voler des oies chez l’évêque de Meung, un sanguinaire sans pitié. À l’aube, ivre de sa soirée, François fuit deux émissaires lancés à sa poursuite et se retrouve devant la porte d’une église qui s’ouvre peu à peu. Celle de Thibault d’Aussigny, évêque de Meung…
L’auteur italien Luigi Critone (7 missionnaires) conclut avec brio son adaptation du livre de Jean Teulé, Je, François Villon, après un deuxième tome un peu mou et malgré les risques inhérents à ce genre de travail. Comment restituer l’ambiance et les décors du livre ? Quelle direction prendre ? Quel ton adopter ? Punk en puissance, François Villon est de ces personnages qui font les bons romans et les bonnes BD, à condition d’en avoir compris l’esprit, celui du poète misérable. Et Luigi Critone est au rendez-vous. Au menu donc : ambiances paillardes, tortures en tous genres, répression des instincts séditieux, méditations sur une jeunesse perdue et angoisse de la mort… Et Villon bien sûr, figure du poète voyou au crépuscule de sa carrière, qui reste un exemple de subversion pour la jeunesse tandis que l’homme n’aspire qu’au calme et à la tranquillité, sans renoncer à son pouvoir de célébrer les mots (voir Le Testament écrit en prison). Un Villon déclinant, sombre et touchant, sans illusion sur une époque dominée par un pouvoir religieux obscurantiste.
Encore une fois, le dessin est superbe, jouant du clair-obscur avec maestria, le découpage rythmé et les cadrages dynamiques – les premières planches au théâtre sont époustouflantes –, quand les dialogues épousent avec naturel l’esprit du temps. Un poète rebelle qui emporte avec lui son mystère et un auteur complet à la maîtrise affirmée, cela donne une belle trilogie !
Publiez un commentaire