Je n’ai rien oublié
Dans ce recueil de quatre histoires courtes, il est question d’enfance, de surnaturel, de solitude et de rêves sombres. Dans la première, des oies s’écrasent sur une maison imprégnant durablement le toit de leur sang. Un sang d’un rouge que les gamins de la famille tenteront de laver après avoir enterré, contre l’avis de leur père, les pauvres volatiles. Le deuxième récit, muet, met en scène un gamin perdu en forêt, aidé par une créature étrange qu’il n’aura de cesse de rechercher. L’histoire suivante est une mise en abime dans une salle de bains. Et la dernière, qui est aussi la plus réussie, se concentre sur un couple n’ayant jamais eu d’enfant, mais qui finit par attendre… une graine !
Jeune auteur américain installé au Japon, Ryan Andrews s’est fait remarquer par ses bandes dessinées en ligne, dont deux ici présentées ont été nommées aux Eisner Awards. Le présent recueil a donc le mérite de nous faire découvrir le travail envoûtant d’un artiste qui monte en puissance, à défaut d’emballer totalement du premier coup. Ainsi, malgré une belle maîtrise dans le découpage et la mise en scène – notamment dans ses récits muets –, certaines histoires manquent de surprise ou de densité pour être vraiment mémorables (Le Tunnel est joli, mais prévisible, par exemple). Mais la dernière, Sarah et la petite graine, est une petite perle de conte de Noël, pleine de tendresse et de mystère, jouant sur une économie de mots et un graphisme accrocheur, distillant une ambiance fantastique inquiétante pour mieux faire éclater le bonheur. Un auteur à surveiller de très près, donc.
Publiez un commentaire