Je suis charette
Le métier d’architecte suscite souvent pas mal d’interrogations voire de fantasmes. Car entre l’idée d’un créatif dessinant des immeubles et bâtiments à la fois beaux, innovants et agréables, et la réalité des petites mains enchaînées à un ordinateur subissant la loi des divas et des pistonnés, il y a tout un monde. C’est ce que raconte ici Danicollaterale, qui s’inspire de son vécu et de plusieurs d’anecdotes – véridiques, promet-il – pour montrer les premiers pas d’une carrière dans un prestigieux cabinet d’architecture.
Avec son dessin fin réaliste pour rester dans le ton des plans précis d’architecture, rehaussé d’une mise en couleurs sobre de deux teintes dominantes, l’auteur propose un témoignage-fiction très esthétique, jouant avec les immeubles en coupe, la verticalité, les mises en page complexes… La lecture n’en est que plus plaisante, car le scénario est lui aussi fort bien construit, linéaire et classique certes, mais parfaitement efficace pour aborder tous les sujets souhaités : l’institution du travail dans l’urgence, le management à la tête du client, la domination masculine, le mépris de classe, le gaspillage d’argent… Le sens profond de la discipline architecturale n’est guère interrogé, car il s’agit bien d’une « vie d’architecte », selon le sous-titre, qui est ici ébauchée : on parle du quotidien éreintant, excitant, perturbant, trop prenant d’un jeune archi, et non du projet porté par ce métier. Alors, bien sûr, cette compilation de détails croustillants sur une agence clinquante frise parfois la caricature, mais il est fort probable que la réalité dépasse parfois la fiction dans ces lieux-là. Un album malin et agréable pour démythifier un petit monde…
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