Les bouquins atypiques, en ce moment, on les trouve chez Ankama. Nouvelle confirmation de la prise de risque de l’éditeur de Roubaix : Je suis deux, de Marietta Ren (texte et illustration) et Eugény Couture (texte).

Cette « nouvelle illustrée en trois actes » se présente sous la forme d’un petit livre carré, emboîté dans un léger étui. De très courts chapitres de quelques phrases, comme autant de poèmes, s’enchaînent en face à face avec une image en noir et blanc. On y découvre une jeune femme coupée en deux, entre son corps subissant les assauts du monde et des hommes et son esprit espiègle refusant de devenir le jouet des forces temporelles. Jusqu’à ce qu’un garçon différent apprivoise l’esprit pour gagner le corps, et réunisse enfin les deux moitiés en une seule personne.

Attirance/répulsion, désir/peur, cette dichotomie psychanalytique classique, on la retrouve dans tous les coeurs et têtes des jeunes femmes (et hommes parfois). Elle est ici contée sous forme d’une allégorie un peu sinistre, mais d’une grande puissance évocatrice. Le dessin, au trait fin jouant sur les lignes qui se croisent et s’entremêlent, fait écho en même temps au manga et à l’Art nouveau. Un graphisme à la fois sensuel et distant qui participe du malaise envoûtant qui émane de ce petit livre. Surprenant, difficile, poétique, audacieux.

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Je suis deux.
Par Marietta Ren et Eugény Couture.
Ankama, 11,90 €, le 11 mars 2010.

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