Je suis encore là-bas
Samir Dahmani a rencontré la Coréenne Yunbo quand ils suivaient tous les deux les cours de l’EESI d’Angoulême. Une belle histoire d’amour, compliquée par l’origine asiatique de la jeune femme, contrainte de rentrer dans son pays à l’issue de ses études. Et qui est évoquée dans l’autobiographie à peine déguisée de cette dernière, qui sort en même temps que le présent album. Samir Dahmani, lui, s’est rendu plusieurs fois en Corée, pour comprendre le pays et apprendre la langue. Il en tire une fiction documentée et forte, sur la difficulté de revenir après une expatriation. Comme une projection de qu’aurait pu être le quotidien de Yunbo s’il ne l’avait pas rencontrée.
Il met en scène une jeune Coréenne, traductrice-interprète travaillant pour une grosse entreprise, qui suit un client français venu faire le tour de ses partenaires commerciaux à Séoul. Une jeune femme qui va se livrer comme jamais sur son mal-être, sur son impossibilité à trouver sa place depuis son retour de France, soumise à une pression sociale insupportable (codes sociaux, relations professionnelles, obligations de se marier…). Avec un trait crayonné proche du documentaire, il réussit à mêler BD de voyage et récit introspectif avec une grande fluidité, illustrant idéalement un sujet rare et délicat. Résonnant en écho avec Je ne suis pas d’ici de Yunbo, Je suis encore là-bas sonne juste et impressionne par sa maîtrise narrative pour un premier album. Joli coup.
Publiez un commentaire