Je voudrais être tué par une lycéenne #1
Tout est dans le titre. Si Haruto a choisi d’enseigner après son doctorat en psychologie, c’est parce qu’il rêve qu’une de ses élèves l’assassine. Si possible, par arme blanche ou par tabassage. Que la mort soit lente et douloureuse… L’objet de son désir : Maho, 16 ans. Elle l’obsède. C’est décidé : Haruto fera en sorte qu’elle le tue avant la fin de sa scolarité.
Si tant est qu’on puisse le classer, Je voudrais être tué par une lycéenne se rangerait, dans une bibliothèque, entre Les Fleurs du mal et Lesson of the Evil. Un quotidien scolaire au réalisme glaçant, formé des scènes les plus banales – entrecoupé de photos d’un vrai lycée – mais derrière lequel se dissimulent peurs et désirs. Cet envers du décor, Furuya nous le dévoile en se focalisant sur un personnage par chapitre. L’auteur nous livre les pensées de chacun et la manière dont il ou elle reçoit réellement ce qui l’entoure. Plus tard, c’est l’arrivée d’une psychologue scolaire qui rythmera les confessions intimes. Ce récit choral peut d’abord laisser perplexe, tant il paraît étonnant que l’auteur, tenant un concept fort avec son professeur « autassassinophile », s’éparpille ensuite en développant plusieurs personnalités inhabituelles – déconnexion émotionnelle et autres troubles graves sont de la partie. Au terme du premier tome (sur deux), cependant, l’ensemble s’imbrique autour d’une même thématique générale : l’idée de persona et de ce que l’on doit abandonner de soi pour intégrer la société.
Malgré son thème de départ, Je voudrais être tué par une lycéenne n’adopte pas les codes narratifs d’une histoire à suspense. Son rythme s’aligne sur un quotidien placide, peut-être pour signifier que la vraie vie est le pire des thrillers psychologiques, remplie de gens qui se battent contre eux-mêmes plutôt que contre les dangers spectaculaires dont la fiction nous abreuve. En supprimant cette distanciation habituelle, le titre fascine autant qu’il effraie, c’est-à-dire énormément. Comme un manga de Suehiro Maruo – influence notoire de Furuya – où l’horreur graphique aurait été déportée dans l’esprit et le regard des personnages, sans pour autant perdre l’extrême finesse du trait, minutieusement appliqué à l’encre noire. Ou peut-être est-ce du venin.
JOSHIKOSEI NI KOROSARETAI © 2015 by Usamaru FURUYA / SHINCHOSHA Publishing Co., Ltd. / BCF
Publiez un commentaire