Par Clément Oubrerie et Joann Sfar. Gallimard, 14,50 €, le 2 novembre 2012.

Joann Sfar s’attaque à une biographie du génial guitariste qui inventa le jazz manouche, Django Reinhardt, mais à la façon d’une relecture moderne du Roman de Renart. On découvre donc Jeangot, renard gitan affublé d’un comparse hérisson que la famille du premier renonça à manger. Tandis que les deux rêvent de femmes et de câlins, ils doivent se contenter de petits larcins et, tout de même, d’un brin de musique.

On connaît le talent de Joann Sfar pour conter la vie des artistes, de Pascin à Gainsbourg, en usant autant d’éléments biographiques que de digressions poétiques et graphiques. Et on connaît son amour de la musique aussi. C’est dire s’il on espérait beaucoup de cette série sur Django Reinhardt, musicien hors norme et légendaire. Hélas, ce premier tome (sur trois) manque de rythme – un comble! – et de trouvailles pour séduire totalement. Le choix de personnages animaliers paraît pourtant judicieux, permettant au récit de prendre de la distance avec le genre platement biographique et d’instiller énergie et humour. Mais une mise en place trop longue, des séquences répétitives, une récurrence de thèmes « sfariens » (la branlette, les prostituées, un Paris disparu…) un peu fatigante peinent à faire virevolter l’histoire comme les doigts brûlés de Django sur son manche de guitare. Au dessin, Clément Oubrerie (Aya de Yopougon, Pablo…) offre quelques jolies planches, mais semble lui aussi s’ennuyer. Espérons que les prochains volumes auront un peu plus de swing.

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