Jehan Pistolet, l’intégrale
Alors que le nouvel Astérix a été lancé en grande pompe, les éditions Albert René publient une intégrale de la première collaboration de Goscinny et Uderzo : le corsaire Jehan Pistolet. En effet, si l’on prétend souvent que l’indien Oumpah-Pah est le grand-père des célèbre gaulois, l’aventureux Jehan en est l’ancêtre. Créé en 1952 pour La Libre Junior (supplément hebdomadaire du quotidien La Libre Belgique) puis publié dans Pistolin avant de s’intaller dans Pilote, Jehan Pistolet raconte l’histoire d’un jeune gamin de Nantes qui rêve de bateaux et de gloire. Se décidant à devenir capitaine corsaire, il s’entoure d’amis tous plus peureux les uns que les autres et part à la recherche d’un trésor à bord d’un vieux rafiot ironiquement nommé « La Brave »…
Et la première aventure de Jehan se déroule tranquillement, riche en rebondissements et en heureux hasards, lui permettant finalement d’accomplir son rêve. Suivront d’autres histoires: Jehan Pistolet, corsaire du roi; Jehan Pistolet et l’espion; Jehan Pistolet en Amérique; et Jehan Pistolet et le savant fou, un récit jusqu’ici inédit en album.
Série-test pour les deux auteurs, Jehan Pistolet connaîtra de nombreuses vies, changeant régulièrement de nom (elle s’appellera aussi Jehan Soupolet) comme d’identité graphique – Jehan est parfois un adulte costaud, parfois un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence. Le trait varie entre le semi-réalisme et l’humour, certains essais présentant même les héros sous les traits d’animaux ! Le tout réussit pourtant à ne pas manquer de cohérence au sein de cette intégrale , grâce à d’habiles contextualisations et d’amusants comparatifs entre Jehan et ses successeurs.
Car si cette série est plus maladroite qu’Oumpah-Pah et Astérix, elle porte clairement la marque de ses auteurs et contient nombre d’idées qui seront développées par la suite. Le comique de situation est utilisé à plein, notamment dans les excellents jeux de positions de Jehan Pistolet en Amérique. Jehan, malgré un travail éditorial soigné et un prix très abordable, n’a pas eu le droit à une aussi large couverture médiatique que le sympathique mais un peu morne Astérix chez les Pictes. Les nostalgiques du mythique duo Goscinny/Uderzo y auraient pourtant bien plus trouvé leur compte.
Publiez un commentaire