Jeune fille en Dior
1947. Alors que l’Europe se remet à peine de la guerre, un couturier arrive fraîchement de Normandie et s’installe à côté des Champs-Elysées. Il s’appelle Christian Dior et son style fait scandale. Les années 1920 avaient – relativement – libéré les corps des femmes ? Ses robes marquent la taille et cachent les genoux. Les tickets de rationnement sont encore dans tous les esprits ? Ses modèles demandent des kilomètres de tissus luxueux.
Clara, jeune chroniqueuse au Jardin des modes, va découvrir les coulisses de l’avenue Montaigne. Le parcours de l’héroïne – plutôt fade, à vrai dire – n’est qu’un prétexte pour nous raconter les dix années fondatrices de la maison Dior. Après s’être plongée dans la mécanique de Renault, et entre deux aventures d’Edith Hardy, Annie Goetzinger poursuit son exploration des années 50-60 et dévoile les secrets des ateliers. Elle dessine avant tout un très bel hommage au couturier et aux « petites mains » qui l’entouraient.
Dans des couleurs douces, de son trait délicat et un tantinet rétro, cette figure de la bande dessinée reproduit au pli près et en grand format les créations révolutionnaires. L’ouvrage est très bien documenté, enrichi des biographies de l’entourage élargi de Dior, et d’un glossaire de la couture. Crêpe de chine ou georgette, taffetas ou shantung de soie, on découvre ou retrouve au fil des pages les jolis mots de la mode. L’album, avec sa couverture cartonnée épaisse à la reliure toilée, reprenant les codes Dior (le gris clair, le blanc, la typographie classique, les pois) est à la hauteur du sujet. Certes, on aurait aimé une intrigue plus vive et en savoir davantage sur le mystérieux Christian Dior, qu’on suit sur une trop courte période. Mais Annie Goetzinger rappelle avec talent qu’aux origines de la bande dessinée comme du plus beau des vêtements, on trouve le coup de crayon du créateur.
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