Joe Shuster, un rêve américain
Ils s’appelaient Joe Shuster et Jerry Siegel, et ils ont créé le premier super-héros de l’Histoire, Superman. Cet épais roman graphique de 185 pages raconte leur histoire vraie, digne d’un roman. Parce qu’ils signèrent leur premier contrat d’édition sans trop faire attention, cédant les droits de leur création à leurs éditeurs, les deux amis se retrouvèrent un jour poussés à la porte sans ménagement. Ils connurent alors une grande précarité, totalement oubliés du public, pendant que les businessmen sans scrupules qui se sont appropriés leur travail vivaient dans l’opulence. Jusqu’à ce que, à la fin de leur vie, comme par un happy end d’une histoire de Jerry, la profession des cartoonists ne mobilise l’opinion, et les rétablisse dans leurs droits.
Pour cette biographie très documentée (comme en témoigne en fin d’ouvrage un dossier documentaire fort complet), qui raconte, en creux, rien moins que la genèse de tout un genre de la pop-culture, le journaliste américain Julian Voloj a choisi de camper le point de vue de Joe Shuster, avec une narration à la première personne. Graphiquement, le travail de l’italien Thomas Campi (Macaroni) est très réussi. Les couleurs en particulier, réalisées à l’aquarelle dans des tons pastel, rappellent les lisses publicités américaines des années 50. Un gros travail, dont le résultat est très agréable.
Hélas, le tout manque cruellement de dynamisme. Le scénario est franchement plat, tant dans ses dialogues que dans ses choix narratifs. Il n’y a en effet tout simplement pas d’action, et il faut s’accrocher, pour suivre le narrateur dans le déroulement très linéaire d’une suite de cartouches informatifs. D’accord, il s’agit d’un documentaire. Mais était-ce une raison pour être aussi sec ? Sans compter les longueurs du scénario. Il prend son temps, mais trop, alors que l’intérêt rebondit vraiment à partir des difficultés du duo. D’autant que Julian Voloj n’a visiblement pas résisté à caser des éléments anecdotiques dont il disposait, pourtant inutiles à l’ensemble – comme l’histoire du premier chèque, sur lequel le nom des auteurs était mal orthographié.
Heureusement, le parcours de Joe Shuster et Jerry Siegel est fort, et leur combat, inspirant et émouvant. Cela sauve le livre.
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