Joseph Carey Merrick **
Par Denis Van P. Sandawe, 16,95 €, le 22 mai 2013.
Celui que l’on a dénommé cruellement « Elephant Man » en raison des difformités de son visage s’appelait Joseph Carey Merrick. Joseph Laigt, le traducteur francais de la biographie de Merrick, a écrit que sa vien’aura été « qu’un long cri ». C’est cette agonie mentale et physique que Denis Van P. explore ici dans son premier album, une fresque prenant pour décor le Leicester crasseux de l’ère victorienne. Chaque pas à l’extérieur est une douleur pour Joseph, et ses demi-frères et sœurs ne font rien pour l’apaiser à la maison. Pointé du doigt par les badauds qui aiment comparer son visage à un séant, il ne souhaite plus être un individu, il ne recherche plus que du calme, à l’ombre des hommes.
La construction du récit est très cinématographique. Le choix d’un fond noir pour les cases en témoigne et l’auteur convient lui-même que c’est le film de David Lynch qui l’a inspiré, davantage que la biographie de Merrick par le Dr Frederick Treves, narrateur de cet album. L’affection et l’admiration que Treves porte à cet homme hors du commun est davantage qu’un sujet de réflexion anatomique: il va être époustouflé par son intelligence et sa sensibilité. Le dessin tout en rondeurs, qui fait parfois penser à celui de Simon Léturgie (Spoon et White), ne convient pas totalement à ce récit réaliste et sombre. Il en résulte un décalage assez déroutant. Le travail sur les couleurs est cependant épatant, particulièrement lors de la promenade champêtre en solitaire de Joseph, au crépuscule de sa vie. On ressort sonné par cette histoire, mais la puissance dramatique de l’album est moindre que celle du film. Une question reste alors en tête: n’a t’on pas déjà tout dit sur « L’Homme éléphant » ?
Alexis Gacon
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