« Journal d’Oaxaca », les deux ans de Peter Kuper au Mexique
L’auteur et illustrateur américain Peter Kuper a ramené de son séjour mouvementé au Mexique un livre multiforme et sensitif : Journal d’Oaxaca, qui sort cette semaine aux éditions Rackham.
Être au mauvais endroit au mauvais moment, ou l’inverse selon le point de vue, c’est ce qui est arrivé à Peter Kuper. En juillet 2006, lassé des turpitudes du gouvernement Bush, il emmène femme et enfant à Oaxaca, au Mexique, pour une année sabbatique au calme, et pour finir paisiblement Arrête d’oublier de te souvenir. C’est là qu’éclatent les grèves des enseignants.
Ce qui n’était au départ qu’une manifestation annuelle, véritable marronnier de l’actualité de cet Etat central du Mexique, tourne à la révolte et à la guérilla urbaine. Et Peter Kuper se retrouve au milieu d’une explosion de violence avec toute sa petite famille… L’artiste décide alors de tirer parti de sa présence sur place et arpente les rues de Oaxaca pour observer le mouvement et ses évolutions.
Barricades, affrontements avec la police… La révolte dure des mois et fait de nombreux morts parmi les manifestants. Les slogans et les revendications politiques se dessinent sur les murs de la ville et un renouveau du street art se fait sentir. Observateur hors pair, Peter Kuper croque les manifestations, les échauffourées, les mots sur les murs… Inspiré, il décide d’en tirer un livre.
A mi-chemin entre le reportage et le journal intime, Journal d’Oaxaca réserve de belles surprises. Nourrissant une étrange passion pour les insectes, l’auteur s’autorise des créations originales en juxtaposant des dessins quasi-naturalistes de bestioles, avec des instantanés croqués dans la rue. Crayons de couleur, photo, peinture, trait noir… L’ouvrage est un méli-mélo de techniques et de narrations différentes, ce qui permet de sentir battre le cœur de Oaxaca, le cœur de la révolte et parfois, aussi, celui de l’auteur. Plus sensible et brouillon que Le Photographe de Guibert, Lefèvre et Lemercier, par exemple, Journal d’Oaxaca confère au lecteur l’agréable impression de voyager avec l’auteur et de vivre les événements avec lui.
Ni roman graphique, ni roman, ni BD, ni journal, voilà un ovni graphique qu’on mettrait volontiers sur sa table de chevet pour le déguster par petits morceaux, ou y revenir de temps en temps. D’autant que l’auteur ne se contente pas de nous faire découvrir Oaxaca, mais nous fait parcourir tout le Mexique. Avec lui.
Eloïse Fagard
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Journal d’Oaxaca.
Par Peter Kuper.
Rackham, 24 €, le 16 septembre 2011.
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Images © Peter Kuper / Rackham
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