JujuMimiFéféChacha ***
Par Alexis de Raphelis et Bastien Vivès. Ankama, 12,90 €, le 4 juin 2009.
Que font les garçons quand ils sont seuls entre eux ? Ils regardent le foot à la télé, jouent à la console ou au poker et boivent des bières. Et ils parlent des filles. Et que font ces dernières quand elles se retrouvent ? Elles achètent des fringues, vont à la gym et pleurent devant les films de Meg Ryan. Et elles parlent des garçons. Dans les deux cas, ça ne vole pas toujours très haut !
Ils ont à peine 50 ans à eux deux, et révèlent en quelques cases les pires méchancetés ou idioties que peuvent lâcher les hommes sur les femmes et inversement. Sous forme de strips ou de grandes images, Alexis de Raphelis (Le Bloc) et Bastien Vivès (Le Goût du chlore, Dans mes yeux) exhibent une impressionnante collection de bêtises que des jeunes gens d’aujourd’hui peuvent bien penser de leur moitié. Les rôles sont bien distribués: la nunuche prête à tout pour satisfaire le phallocrate ; le cœur d’artichaut qui a des problèmes d’Œdipe et de confiance en lui, surtout qu’il se fait un peu balader par sa blonde libérée. Drôles au début, les dialogues de ces couples – qui ne sont jamais montrés ensemble – se font peu à peu amers. La mièvrerie et la docilité de l’une fait face à la plus vulgaire des misogynies de l’autre. Le je-m’en-foutisme de la troisième s’oppose aux névroses du dernier.
Le dessin mélangé des deux auteurs, d’une ligne simple et efficace, privilégie la gestuelle aux expressions des personnages, ne leur donnant quasiment jamais d’yeux. Ce qui renforce l’impression de malaise laissée par cet album. Car s’il est présenté comme un concentré d’humour masculin-féminin, JujuMimiFéféChacha est en fait bien plus que ça: une véritable mise à nu du côté obscur des relations amoureuses, sous l’allure trompeuse d’un délicieux macaron. Presque pervers en somme.
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