Jules B, l’histoire d’un Juste
Jules est cordonnier, c’est un gars simple, sans histoires, droit, honnête, spectateur de cette guerre qui gangrène son pays depuis plusieurs années maintenant. Abandonné par sa femme, dans l’incapacité de travailler par manque de matières premières, Jules a trouvé refuge dans l’alcool et doucement il se laisse glisser vers l’isolement et la solitude. Son existence va brusquement basculer lorsque, témoin d’un accident de voiture, il va recueillir chez lui trois enfants juifs. Bien décidé à leur venir en aide, il ne pourra compter que sur lui même, car dans son petit village de campagne, la majorité des habitants se satisfait de l’Occupation et personne ne souhaite se faire remarquer. N’écoutant que son coeur et son courage, Jules ne va pas hésiter à se jeter dans l’inconnu et à aller au bout de ses convictions pour sauver ses petits protégés.
C’est au cours d’une résidence d’artiste à la Maison de la BD de Blois qu’Armelle Modéré a pris le temps de se replonger dans ses souvenirs familiaux. Elle a fait remonter à la surface les récits de guerre de son grand-père et de ceux qui l’ont accompagné tout au long de ces longues années de conflits. De ce devoir de mémoire est née l’envie de transmettre un témoignage aux nouvelles générations, en empruntant à la bande dessinée son pouvoir narratif et émotionnel. Cet album sonne juste, sur le fond, comme sur la forme. L’auteure y parle de tolérance, de racisme, d’amitié, de solidarité, de résistance, d’empathie sans jamais rendre les propos moralisateurs ou accusateurs. La guerre et les conflits sont présents tout au long de ce récit sans jamais réellement se montrer, sans jamais alourdir le sujet. Les personnages, qui empruntent des costumes anthropomorphes, débordent d’humanité et de sensibilité, rendant le lecteur presque fier d’avoir pu faire leur connaissance. C’est un bel et grand album que nous offrent les éditions Des ronds dans l’O, un témoignage poignant des heures sombres qui ont marqué notre passé, comme une piqûre de rappel qui nous dit que le pire n’est vraiment jamais loin.
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