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Julius Corentin Acquefacques #6 – Le Décalage

18 mars 2013 |
SERIE
Julius Corentin Acquefacques
ALBUM
Le Décalage - 6
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
14.30 €
DATE DE SORTIE
06/03/2013
EAN
2756031089
Achat :

Cela faisait neuf ans que le héros de Marc-Antoine Mathieu, Julius Corentin Acquefacques, n’avait plus fait parler de lui.  Entre-temps, l’auteur avait néanmoins livré quelques albums essentiels, comme Dieu en personne et 3 secondes. C’est dire si l’attente du lecteur, au moment d’attaquer ce sixième volume des aventures (à chaque fois indépendantes) du prisonnier des rêves, était fébrile. Et une fois cet album refermé (mais peut-on vraiment le refermer?), elle n’est absolument pas déçue. Car Marc-Antoine Mathieu a une nouvelle fois repoussé les limites de son art, pour imaginer un récit où fond et forme sont intimement mêlés, dans une expérience à la fois vertigineuse et palpitante.

le_decalage_image1Première bizarrerie, le livre s’ouvre dès la couverture, numérotée page 7. Julius est projeté sur un lit à grande vitesse dans un espace-temps bizarre. Et il se dématérialise. Fantôme errant dans les cases, il ne peut qu’accompagner sans agir ses voisins et amis, partis à sa recherche, et qui se retrouvent dans le Rien. Un vaste désert blanc, dans lequel la ligne claire de l’auteur est parfaitement à son aise. Un monde propice à toutes les interprétations, philosophiques ou graphiques. Comme son titre l’indique, l’histoire s’est décalée, le « rattrapage » se fera alors au coeur du livre, par des pages volontairement déchirée (oui, oui, vous avez bien lu)…

Dans la première partie de l’album, l’auteur invoque Winsor McCay, Fred ou Francis Masse, voire Vian ou Queneau, dans une chasse à l’homme (au héros disparu) sur un train de sénateur. Poussant les thématiques et les tics narratifs de ses illustres prédécesseurs, il accumule les jeux sur les mots, les formes et les théories, faisant du médium bande dessinée le sujet même de l’aventure. C’est drôle et malin, mais ce n’est vraiment qu’au moment de la déchirure que le « début » fait sens et que tout s’éclaire pour illuminer le concept brillant de Marc-Antoine Mathieu. Devant une idée si originale et intelligente, une mise en scène si précise et exigeante et une réalisation du livre si soignée, on ne peut qu’applaudir et souhaiter que l’auteur, un des plus doués et audacieux de sa génération, réussisse d’autres coups de maître de ce calibre.

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