K.O. à Tel Aviv #2



Une deuxième paternité, une vie de couple faite de disputes, d’interrogations et d’incommunicabilité, l’absence d’inspiration pour dessiner, le manque d’argent… Asaf raconte son quotidien erratique et tortueux, sa vie de famille, ses frustrations, sa peur existentielle, la nostalgie de ses rêves d’enfant…
Après un excellent premier tome, voici la suite de K.O. à Tel Aviv, recueil d’histoires en une planche ou plus, où l’auteur Asaf Hanuka explore une nouvelle fois les affres de son intimité familiale et le présent d’un trentenaire israélien. Tour à tour père dépassé ou artiste hanté, mari aimant ou citoyen désabusé, le voilà confronté aux addictions numériques, aux symptômes persistants d’une maladie, aux contraintes militaires et financières de son pays. C’est là où l’auteur brille : de ce quotidien terriblement ordinaire, de ces introspections cyniques ou angoissées, Hanuka en tire d’impressionnantes et puissantes métaphores imagées, torturées ou surréalistes, entre désenchantement obsessionnel et folie visuelle. Outre une parfaite description du réel, le pessimisme latent y côtoie le bonheur de vivre « une vie moyenne », le réalisme cru le fantasme pur. Le trait semi-réaliste, d’une grande technique, visant à chaque fois dans le mille.
Au-delà de la chronique sociale décalée, le ton de la BD dessine en creux l’identité d’un pays, ses doutes et ses peurs. Au final, évitant l’écueil du grand déballage impudique, Hanuka libère plutôt son imaginaire baroque et fait de son histoire personnelle une expérience aux accents universels, à même d’intéresser et d’interroger le plus grand nombre. Pour tout dire, ce n’était pas gagné mais le résultat est brillant. Car Asaf Hanuka est un artiste au regard singulier et au talent énorme.
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