K.O. à Tel Aviv #3



Il admire sa femme, wonder woman du quotidien, quand ses enfants, tyrannosaures chronophages, le sauvent de l’humanité. Hanté par l’imminence d’une guerre, comme un douloureux écho des attentats de Paris ou en proie à l’angoisse du père incapable de bien s’occuper de ses enfants, Asaf Hanuka exprime ses doutes face au travail créatif, brosse les affres d’une intimité familiale sous les traits du parfait loser, souvent impuissant face à une réalité accablante. Reste le dessin pour capter la traversée d’une existence banale…
Après deux excellents albums de K.O. à Tel Aviv, l’auteur Israélien Asaf Hanuka (Le Divin) revient avec ses tranches de vie décalées, où l’élan créatif le plus flamboyant côtoie une réalité lovée dans un désenchantement obsessionnel. L’occasion pour l’auteur de parler d’Israël, de sa famille, de son quotidien, des relations humaines : père inquiet ou fusionnel, époux admiratif, auteur torturé, propriétaire sans le sou ou citoyen inapte au bonheur, il s’interroge sur son identité au prisme de ses névroses, questionne un pays pas comme les autres. Si l’auteur aborde des sujets terriblement ordinaires, il sait en revanche comme rarement leur donner une saveur et une résonnance universelles. Par ses mots pesés d’abord mais aussi et surtout par son inventivité graphique mise au profit d’un discours percutant : métaphores torturées, envolées visuelles en une planche, chaque page révèle un imaginaire fécond, libéré et barré, où triomphe l’amertume d’un auteur au regard lucide et original. Mais loin d’être plombante, vainement impudique ou pessimiste, cette chronique sociale séduit par son ton, tendre ou nostalgique, noir ou plein d’humour (voir « Le premier astronaute séfarade » et son hilarant face-à-face avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou) et son visuel surréaliste teinté de couleurs claires et joyeuses, parfait contrepied au propos. Graphiquement, le talent est immense, empruntant autant au dynamisme des meilleurs comics qu’à un réalisme à la française pour un résultat à mi-chemin entre fantasme pur et naturalisme cru. On ne s’en lasse pas. Et même on en redemande.
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