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2 Comments

Kana publie des œuvres de jeunesse de Taniguchi et Urasawa

21 juin 2013 |

Lecture comparée de deux séries anciennes fraîchement publiées en France par Kana, signées de deux mangakas talentueux et appréciés ici : Trouble is my business de Jirô Taniguchi et Master Keaton de Naoki Urasawa.

trouble_is_mu_business_couvDEUX AUTEURS DE RENOM

Quel lecteur de bandes dessinées n’a pas encore entendu parler de Jirô Taniguchi ? S’il y a bien un auteur japonais qui se veut proche de la BD franco-belge classique, c’est bien lui. On l’a tout d’abord connu pour ses œuvres introspectives relativement récentes (Quartier lointain, Furari…). Ses titres plus anciens montrent une toute autre facette de son travail. Avec Garôden, il explorait le monde du sport de combat, avec Enemigo il se lançait dans un récit de guerre et, avec Trouble is my business, on découvre un de ses premiers amours créatifs : le manga hard-boiled.

Autre mangaka très apprécié dans l’Hexagone: Naoki Urasawa. Là aussi, l’auteur de Billy Bat possède un trait particulier qui se détache clairement de la production classique. Les personnages sont souvent en costume, leurs visages sont très typés et répondent à un style européen, l’environnement dans lequel se développe l’histoire est généralement occidental… Avec Master Keaton, vous retrouverez tout cela puisque ce manga est clairement le précurseur de ses succès récents.

master_keaton_couvDEUX HISTOIRES AUX ANTIPODES

Naoki Urasawa fait honneur à sa réputation avec Master Keaton. Immédiatement, on sent un récit structuré, réfléchi et divertissant. Mélangeant habilement vie quotidienne, documentation et action, ce manga est certes le reflet d’une époque, mais avant tout une véritable réussite. Tout d’abord parce qu’il n’a finalement pas vieilli, et surtout parce que le sujet et la mise en scène sont totalement maîtrisés. On suit avec plaisir le professeur d’université Keaton, entre ses cours et ses déplacements musclés en terrain archéologique. Son petit côté Indiana Jones avec une once de Mac Gyver font de lui un personnage touche-à-tout aussi curieux que débrouillard. Les chapitres de Master Keaton sont généralement assez courts, se concluent individuellement (tout en laissant apparent un fil rouge entre les histoires) et de façon bien plus académique que pour les séries au long cours d’Urasawa (20th Century Boys, Monster…). Avec 12 volumes de 300 pages, ce manga risque de nous captiver pendant de longs mois !

Trouble is my business est quant à lui un récit bien moins profond, intéressant et prenant. Jouant beaucoup sur l’ambiance et sur les codes du polar hard-boiled, ce titre aura du mal à convaincre les lecteurs non avertis. Assez répétitive, mollassonne et finalement très vide, cette série ne marquera pas les esprits. Fukamachi Jôtarô est une caricature de détective privé tire-au-flanc qui passe plus de temps dans les bars à boire de l’alcool fort qu’à faire son travail. Fruit d’une collaboration entre Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa, ce manga est loin d’atteindre la qualité de la série littéraire et historique Au temps de Botchan, que le même duo proposera quelques années plus tard. Très éloignés de ce à quoi Taniguchi nous a habitués, les 6 volumes de cette édition française ne risquent pas de passionner les foules.

master_keaton_imageUN DESSIN EN GESTATION

Si le trait de Naoki Urasawa est immédiatement reconnaissable, celui de Jirô Taniguchi (ci-dessous) est quant à lui beaucoup plus marqué par son époque. Particulièrement épais et très référencé, on aurait presque tendance à croire qu’il n’est pas l’œuvre d’un japonais. Plus empâté, plus rude et plus sombre, le coup de crayon du jeune Jirô Taniguchi colle parfaitement à l’ambiance de son histoire.

Dans Master Keaton (ci-contre), la présence de personnes âgées bien campées, les faciès de tous les protagonistes, le souci du détail et les décors exotiques (pour les Japonais) confirment que Naoki Urasawa avait déjà trouvé les clefs graphiques qui feraient son succès plus tard.

DEUX PUBLICS

Les deux séries ne s’adressent clairement pas au même public. Trouble is my business a un rythme trimestriel, un grand format (23 x 16,6cm), une adaptation graphique complète et un prix élevé (18€) comme la quasi-totalité des titres du « plus occidental des auteurs japonais ». trouble_is_mu_business_imageVous aurez donc compris que l’éditeur souhaite principalement attirer le lectorat franco-belge, qui a déjà aimé les autres œuvres de Taniguchi. Pour sa part, Master Keaton a un rythme bimestriel, un format moyen (20,8 x 14,8cm), un principe de sous-titrage des onomatopées et un prix abordable: 15€ pour 300 pages. C’est donc principalement du côté des fans de mangas et des lecteurs curieux que penche la balance. Les deux ouvrages se veulent luxueux, mais avec sa belle jaquette au vernis sélectif, le marquage à chaud pour le titre et ses belles couvertures cartographiques, Master Keaton se montre plus généreux. De plus, alors que seulement les premières pages sont en couleurs dans l’édition de Trouble is my business, c’est la totalité des planches couleurs de prépublication que nous pouvons découvrir dans l’œuvre d’Urasawa.

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Master Keaton #1
Par Naoki Urasawa, Takashi Nagasaki et Hokusei Katsushika.
Kana, 15€, le 15 mars 2013.
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Master Keaton #2
Par Naoki Urasawa, Takashi Nagasaki et Hokusei Katsushika.
Kana, 15€, le 24 mai 2013.
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MASTER KEATON © 1989 Naoki URASAWA/Studio Nuts, Hokusei KATSUSHIKA, Takashi NAGASAKI Original Japanese edition published in 1989 by Shogakukan Inc., Tokyo

 

Trouble is my business #1
Par Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa.
Kana, 18€, le 15 février 2013.
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Trouble is my business #2
Par Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa.
Kana, 18€, le 24 mai 2013.
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JIKENYA KAGYO © Jiro TANIGUCHI / Natsuo SEKIKAWA, 1996, FUTABASHA PUBLISHERS LTD/BCF-Tokyo

 

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master_keaton_planchee

 

Commentaires

  1. Master Keaton me fait envie, mais je le trouve un peu trop cher. J’aurais préféré une édition moins luxueuse et plus abordable

  2. Francois Pincemi

    Au mois, Taniguchi s’applique et sait dessiner, c’est déjà ça! D’ailleurs même l’éditeur de Tintin et (A SUIVRE) l’a publié. On peut essayer le dire ses livres, cela ne donne pas de boutons…

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