Katanga #1
30 juin 1960, le Congo proclame son indépendance. Le 11 juillet, la riche province du Katanga fait sécession avec à sa tête le Président Moïse Tschombé. D’aucuns affirment que l’Union minière du Haut-Katanga tire les ficelles en coulisses. Soit une société belge qui financerait le gouvernement et dont la seule politique, « c’est de produire du cuivre« . Avec l’accord de Bernard Forthys, directeur de l’UMHK, Godefroid Munongo, ministre de l’Intérieur, et Armand Orsini, conseiller spécial, décident de recruter des mercenaires pour assurer la sécurité d’une mine de cuivre. Au même moment, en plein chaos, Charlie vole un petit pactole de diamants à un patron en fuite : pas moins de 30 millions de dollars.
Le Katanga, province de la République démocratique du Congo, donne donc son nom à la nouvelle série de Fabien Nury et Sylvain Vallée, auteurs de Il était une fois en France. Inscrivant leur intrigue dans une ancienne colonie belge, le duo entre en Afrique par son versant politique, au temps des indépendances chaotiques : diamants à foison, armée sans pitié, compagnies voraces, politiciens véreux, mercenaires fascisants… Fabien Nury trouve là un terreau fertile, celui d’une colonie en transition, gorgée de richesses dans un contexte post-colonial troublé. Mêlant faits réels et imaginaires, le scénariste a le mérite, au fil de l’album, de ne pas choisir la facilité malgré des ficelles classiques. Ses personnages, caricaturaux comme il faut, sont nombreux mais identifiables (et détestables !) car campés en quelques pages, les rebondissements amenés avec fluidité et son fil narratif complexe, option cynisme et magouilles, tient en haleine jusqu’au bout. Une intrigue académique mais pas de manichéisme sur un sujet qui s’y prête, un rythme nerveux, de l’action palpitante et, pour qui veut pousser les infos, une trame déjà documentée. On sent la patte cinématographique dans les cases panoramiques et la mise en scène, qui trouve dans le trait caricatural et semi-réaliste de Sylvain Vallée sa pleine expression. Les auteurs, sans réinventer la BD, confirment qu’ils sont d’excellents raconteurs d’histoire. Un épisode pilote plein de promesses, qui se lit comme on regarde les bonnes séries TV.
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