Avec le deuxième tome de Kililana Song, Benjamin Flao devait relever le défi d’une superbe et intrigante première partie. L’archipel de Lamu, au Kénya, va-t-il être détruit par les promoteurs immobiliers ? Les esprits de la nature et du mythique guerrier Liongo Fumo vont-ils se rebeller ? Que va-t-il advenir du petit Naïm, par qui se nouent tous les fils de la tragédie ?

Le scénario, mêlant drogue, menace écologique, légendes locales et amours naissantes, ne déçoit pas et se termine même en feu d’artifice ! L’approche des personnages reste sensible, dans le fond et la forme, et communique l’amour de l’auteur pour cette partie du monde et les gens qui l’habitent. Mais le choc est surtout visuel. Benjamin Flao réserve au lecteur des aquarelles sublimes : un feu vous crépite à la figure, le soleil écrasant donne envie de se jeter à l’eau et une tempête en mer se révèle belle comme un tableau de Turner.

Très justement récompensé pour ce deuxième tome, Benjamin Flao, déjà auteur de jolies réussites comme La Ligne de fuite ou Mauvais garçons, n’a rien perdu de sa puissance évocatrice et de sa poésie. Il puise toujours, en virtuose, dans la forme du carnet de voyage pour mieux parler d’aventure et de spiritualité. Venez prendre une claque de vent, d’espace et d’eau salée. Kililana Song n’est pas une invitation au voyage : avec cet album, vous êtes déjà parti !