Kill or be killed #1
Dylan est un étudiant mal dans sa peau, timide et maladroit. La victime idéale de moqueries, le type sans cesse bousculé par les brutes et les grossiers. Il vit en colocation avec Mason, tout son opposé, à l’aise et sympa. Et il est amoureux de Kira, la piquante copine de Mason. La grosse déprime, quoi, qui le pousse à tenter de mettre fin à ses jours. Mais un démon le sauve et réclame en échange de cette faveur qu’il se mette à tuer des méchants. Et voilà le frêle et emprunté Dylan qui revêt les atours d’un justicier masqué et qui goûte à l’ivresse du sang…
Après Sleeper, Criminal, Incognito, Fatale ou Fondu au noir, voici une nouvelle série issue de l’association du dessinateur anglais Sean Phillips et du scénariste américain Ed Brubaker. Et une nouvelle fois, le plan se déroule sans accrocs. Dans un registre beaucoup plus série B que le léché Fondu au noir, les deux auteurs proposent un feuilleton palpitant, entre le roman noir, le récit d’apprentissage et le thriller fantastique, avec la question sous-jacente de la justice expéditive et donc d’une certaine forme – contestable – d’héroïsme. C’est brutal, franchement sanglant, mais jamais gratuit. Car Brubaker, qui ne se départit pas ici d’un humour étonnant, mesure parfaitement la distance qu’il convient d’installer pour que la violence de son histoire serve le fond. Et Phillips conserve un tel flegme – tout britannique – dans la représentation des combats et des viscères que ses planches remuent les tripes juste ce qu’il faut. Tout est question d’équilibre et ces deux-là, rejoints par l’extraordinaire coloriste Elizabeth Breitweiser, l’ont trouvé depuis longtemps, pour produire des BD denses et accrocheuses, qui renouvellent sans cesse le genre noir – les pages tout en verticalité avec la voix off en marge sont de toute beauté (voir ci-dessus). Kill or be killed n’est peut-être pas (encore) aussi forte et intemporelle que Criminal, mais, par son ton malin et son design soigné, elle se pose comme un thriller moderne de haute volée, difficile à lâcher.
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