Kill or be killed #2-3
Tombé dans un traquenard, Dylan est coincé entre le cadavre de Barry Jameson, cupide escroc, et le NYPD, prêt à lui faire la peau. Malgré les embûches, Dylan commence à se faire une petite réputation en matière de crime de sang froid. Et tout ce que New-York compte de policiers est désormais à ses trousses. Pas grave, l’expérience aidant, le justicier masqué file entre les gouttes et croit voir disparaître le démon qui le hante depuis des mois. Mais entre Daisy, sa nouvelle petite amie, et la mafia russe sur ses traces, Dylan est plus que jamais acculé…
Service cinq étoiles pour la dream team Ed Brubaker/Sean Phillips (Criminal, Incognito, Fatale, Fondu au noir…) ! Après une mise en bouche ô combien efficace, le duo a simplifié encore son jeu de balles et revient avec un Dylan plus paumé que jamais, perdu sentimentalement entre Daisy et Kira, puis hanté par un démon. Hallucinations ? Réalité ? Une chose est sûre, seul un meurtre par mois lui permet d’avoir l’esprit tranquille. La justice immanente ou expéditive est-elle justifiable ? On se posait la question de la suite de ce feuilleton palpitant qui lorgne désormais bien plus vers le polar noir teinté de romance que le thriller fantastique. Franchement, rien ne déçoit. Mieux, il rend accro. Les rebondissements se nourrissent de flashback familiaux, de crimes plus ou moins mérités, façon Dexter Morgan, et de dialogues ancrés dans le réel le plus sordide. La maîtrise narrative et visuelle est aussi à couper le souffle. Il y a cette voix off délicieuse, effilée comme un sabre, qui nous plonge dans un polar au goût de sang et qui prend le lecteur à témoin pour mieux le frustrer par sa narration éclatée : quelque chose du style, « hein lecteur, t’as vu la suite avec mon flashforward, mais tu comprends rien ? Ahhhhh ».
La violence n’est jamais gratuite ici, servant une réflexion sur la médiocrité du système et toutes les frustrations qu’elle nourrit. Alors oui, c’est brutal, franchement sanglant mais d’une intelligence rare. Comme un excellent roman de genre, d’ailleurs au niveau des meilleurs Criminal. On n’oubliera pas le splendide dessin de Sean Phillips, magnifié par les couleurs de Elizabeth Breitweiser, tantôt crépusculaire, tantôt brut, qui prend aux tripes. Mais aussi cette magnifique histoire d’amour (impossible?), ou cette pointe de fantastique avec ses mystères (élucidés au tome 3!). Et ces découpages vertigineux, des modèles du genre, qui insufflent un peps incroyable pour un équilibre parfait. Kill or be killed est donc la dernière tuerie du duo Brubaker/Philips, à tel point complémentaires qu’ils semblent n’être qu’une seule et même personne. Bref, il reste un tome et celui-là, vous feriez mieux de ne pas le manquer…
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