Kill or be killed #4
Dylan se retrouve dans un asile psychiatrique, entouré de patients et d’un nouvel ami, Fenton, le médecin en chef. Le tueur à la cagoule rouge aurait-il été démasqué ? Tout le laisse croire jusqu’au jour où Dylan apprend que, la nuit précédente, le serial killer a encore frappé. Doublé par un imitateur, le vrai justicier masqué risque bien de s’en sortir. Mais, pour tout dire, ça ne l’enchante guère car ce fichu démon s’échine à le poursuivre en tout temps et tout lieu… Hanté, il va pourtant devoir trouver une porte de sortie.
Régal total ! Le duo Brubaker/Phillips (Criminal, Incognito, Fatale, Fondu au noir…), peut-être jamais aussi sombre et désespéré que dans ce tome 4, achève en fanfare ce récit de tueur en série à la première personne. Toujours sur un fil entre le roman noir et le thriller fantastique, le feuilleton demeure palpitant de bout en bout, tout au long de ces 160 pages de haut vol. Couleurs enchanteresses, rythme haletant, découpage et mise en scène au cordeau, équilibre parfait de la voix off et des dialogues d’une rare puissance, le duo balade son lecteur avec un malin plaisir jusqu’à la scène finale. C’est bien simple, on a tout ce que l’on attend d’un récit de ce genre : des surprises ou des rebondissements nourris par ces flash-forward casse-gueules et surtout une réflexion, fluide et jamais plombante, comme on n’en lit jamais. La tentation de l’apocalypse, le mal et ses déclinaisons crépusculaires, l’éternel retour de la violence et une société aliénée car corrompue jusqu’à la moëlle, qui trouve dans la justice expéditive le seul moyen de résoudre les conflits. Sans éluder l’ambiguïté du code moral de Dylan (qui ne tue que des malfrats), évidemment critiquable. Reste ce personnage complexe avec ses mystères et ses névroses, déjà condamné mais persistant dans son être et ses failles. Touchant et terriblement accrocheur. Si Kill or be killed est si fort, c’est qu’au-delà d’être une belle synthèse entre comics mainstream et indé, la série est une véritable œuvre littéraire, d’une intelligence et d’une profondeur folles. Au moins l’égal de Criminal, sinon plus. Chers lecteurs, contemplez la déchéance. Et vous, Messieurs Brubaker/Phillips, continuez !
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