Kimi le vieux chien
Kimi est un chien. Ou plutôt n’est plus qu’un vieux chien, errant de bois en falaises en quête d’un peu de nourriture. De silence et d’apaisement aussi. Car voilà, le déclin est inéluctable, la mort approche et la solitude l’accable depuis la disparition de son maître. Mais pas totalement. Rejeté par l’humanité certes, Kimi trouvera toutefois un peu réconfort dans les bras de dame nature, accueillante et bienveillante comme peut l’être une mère avec son enfant. De quoi partir l’esprit serein…
Dans le même esprit que Gros ours et petit lapin, en plus résigné toutefois, Nylso nous balade dans les pas de l’attachant Kimi, vieux chien qui n’a d’autre choix que de s’évader. L’occasion pour l‘auteur, par son trait hachuré au rendu « poilu », d’évoquer la vieillesse, l’usure du temps, le sentiment de perte, l’ennui ou l’épreuve de l’isolement. Une invitation à penser ou philosopher sur un mode léger et contemplatif, pas loin du théâtre de l’absurde de Samuel Beckett, à la faveur d’une nature vivante et accueillante, dernier refuge d’une humanité qui a sombré. Kimi, il lui faut parler pour survivre et trouver encore un but à une existence sans horizon.
On retrouve la virtuosité du trait de Nylso – malgré des cases parfois répétitives – blotti dans une élégance toute mélancolique, parfait pour distiller un peu d’empathie et de poésie. Le texte est juste, succinct, mais l’écho mesuré. Car dessin et textes avancent au même rythme, indolent, sans contrepoint ou réel décalage entre les deux. Du coup la lecture peut se révéler monotone. Mieux vaut donc éviter une approche trop linéaire pour en apprécier toute la saveur. Prendre son temps et lire par petites tranches, comme y invite la très belle édition de Misma, façon roman avec une couverture verte bordée par un liseré rose. Un marque-page vous aidera d’ailleurs à flâner aux côtés de Kimi, et à écouter sa voix sage et lucide. Pour une jolie et émouvante balade crépusculaire…
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