Kinky et Cosy : attention, humour corrosif !
Kinky et Cosy sont les cousines belges des sales gosses américains de South Park. Avec un œil on ne peut plus critique, ces gamines observent les adultes qui les entourent : des professeurs vieux jeu et dépassés par leurs élèves, des parents empêtrés dans les soucis du quotidien, des docteurs incompétents ou des patrons sans scrupules. Pour peindre ce petit monde désespérant mais hilarant, Nix, cartooniste belge de 40 ans, utilise un humour noir, caustique et absurde. Résultat, des strips méchamment drôles réunis dans une superbe intégrale – 316 pages sous une couverture brillante, dotée d’yeux qui bougent – bourrée de bonus !
Pourquoi habiller la vie de deux fillettes blondes d’un humour noir et provocateur ?
Cela me permet de surprendre. J’aime déstabiliser le lecteur, même si je ne pense pas à lui lorsque j’écris. Je fais les gags pour moi, enfin pour l’adolescent de 14 ans qui est en moi. Kinky et Cosy ont environ huit ans, ce qui est un âge parfait : elles sont encore des enfants, peuvent faire plein de bêtises mais comprennent déjà les mensonges des adultes.
Pourquoi optez-vous pour les strips ?
Ma série est trop absurde pour fonctionner avec de longs gags. Les formats courts permettent d’être publié dans les journaux, sur du mauvais papier. C’est une formule qui me convient. Depuis que je suis petit, je fais des strips et je trouve ça merveilleux. Je suis tout simplement passé du fanzine de la cour de récré aux grands quotidiens belges !
Comment les jumelles Kinky et Cosy sont-elles nées ?
Je crois qu’elle sont issues de mon signe zodiacal, gémeaux, et de mon enfance passée entre mes deux sœurs. Leurs noms viennent d’adjectifs anglais signifiant « bizarre » et « convivial ». J’ai choisi deux termes opposés car je vois Kinky et Cosy comme le yin et le yang. Et tout mon univers fonctionne sur ce principe des opposés, mélangeant émotionnel et rationnel.
Mais elles ne sont pas les seules vedettes de la série, qui traite plus largement de leur petit monde. Quel est le point commun de vos protagonistes ?
Disons que les adultes ne sont pas présentés sous leur meilleur jour. J’adore montrer les grandes personnes lorsqu’elles ne savent pas faire face aux problèmes ou qu’elles sont incompétentes, comme ces docteurs qui n’ont jamais lu de livre. C’est le monde tel que je le vois au quotidien !
Vous travaillez aussi sur un dessin animé avec Kinky et Cosy.
50 épisodes existent déjà. Je les ai réalisés pour ponctuer une émission de débat de la télé belge. Toutes les semaines, mon équipe et moi-même devons imaginer un court scénario en rapport avec l’actualité, façon strip. Nous allons regrouper pour la télé française quatre ou cinq histoires, intercalées de jingles, afin d’obtenir la durée d’un dessin animé classique. Nous cherchons encore des producteurs pour le diffuser en France. Ellipse Animation, la boîte qui a adapté Tintin et Garfield, réalise les dessins animés. Qu’ils aient ensuite choisi Kinky et Cosy pour sujet prouve d’ailleurs bien que quelque chose cloche dans leurs studios ! (rires)
Avez-vous dû édulcorer votre univers pour la télévision ?
Non, au contraire. Après la première saison, une enquête auprès des spectateurs a montré qu’ils étaient 50% à aimer, et 50% à ne pas aimer. Les producteurs du débat télévisuel souhaitaient des réactions plus tranchées, avoir de vrais fans ou des détracteurs. Ils nous ont donc demandé d’être plus provocants, et du coup on s’amuse beaucoup.
Quels sont vos autres projets ?
Je reprends pour le magazine Spirou la série de Billy Bop déjà initiée dans leurs pages, avec deux petits cow-boys. Un 4e tome de Kinky et Cosy a paru en Belgique, mais il ne sera pas publié tout de suite en France. Avec Le Lombard, nous allons continuer sur le format de la nouvelle intégrale – à l’italienne, avec beaucoup de pages. Pour l’instant, seul un tiers du livre est prêt.
Vous préparez un concert de dessin avec Arno et Johan de Moor pour le Festival d’Angoulême. Pas trop stressé à l’idée de monter sur scène ?
Non, je suis dépourvu de l’organe qui sécrète le trac ! J’aime être sur scène. Un dessinateur de BD est généralement isolé devant sa table à dessin et ne peut entendre la réaction du public. Ce concert est donc une bonne occasion de changer mes habitudes. D’autant plus qu’il est donné par Arno, que je connais personnellement depuis mes 12 ans. On va essayer de composer une histoire avec ses chansons et nos dessins qui seront exécutés et projetés en direct sur grand écran.
Une question indiscrète pour finir. Pourquoi y-a-t-il autant de crashs d’avions dans vos albums ?
J’ai grandi dans le petit village de Zaventem, situé à côté d’un aéroport. Il n’y a jamais eu d’accident, mais une certaine tension était toujours présente. Et, dès l’âge de 6 ans, j’ai dessiné des avions !
Propos recueillis par Allison Reber
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Kinky et Cosy, compilation #1.
Par Nix.
Le Lombard, 29 €, le 16 janvier 2009.
316 pages, des jeux, des personnages en papier à confectionner…
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Images © Nix / Le Lombard
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